— La boule de miel — Un homme qui cherche la bagarre demande au Bouddha d'expliquer sa doctrine. La réponse du Bouddha mystifie non seulement le type, mais aussi bon nombre de moines. Le Vén. Mahâ Kaccana finit par fournir une explication, et ce faisant, il explique ce qu'il faut pour mettre un terme aux sources psychologiques d'un conflit.
J'ai entendu qu'en une occasion le Béni du Ciel vivait parmi les Sakyas près de Kapilavatthu dans le Parc aux Banyans. Alors au petit matin, ayant mis ses robes et portant son bol et sa robe de dessus, il alla dans Kapilavatthu pour quêter. Etant allé quêter dans Kapilavatthu, après le repas, au retour de sa tournée d'aumônes, il alla dans le Grand Bois pour l'observance quotidienne. Plongeant dans le Grand Bois, il s'assit à la racine d'une pousse de bilva pour l'observance quotidienne. Dandapani ("Bâton-en-main") le Sakya, sorti pour se promener et faire de l'exercice, alla aussi au Grand Bois. Plongeant dans le Grand Bois, il se rendit là où le Béni du Ciel se trouvait sous la pousse de bilva. En arrivant, il échangea de courtoises salutations avec lui. Après un échange d'amicales salutations et courtoisies, il se tint debout d'un côté. Comme il était debout là, il dit au Béni du Ciel, "Quelle est la doctrine du contemplatif ? Que proclame-t-il ?" "La sorte de doctrine, mon ami, où on ne se querelle avec personne dans le cosmos avec ses devas, Maras, et Brahmas, avec ses contemplatifs et prêtres, ses nobles de sang royal et basse populace; la sorte [de doctrine] où les perceptions n'obsèdent plus le brahmane qui demeure dissocié des plaisirs sensuels, exempt de perplexité, son incertitude supprimée, dépourvu d'envie compulsive pour le devenir et le non-devenir. Telle est cette doctrine, tel est ce que je proclame." Quand ceci eut été dit, Dandapani le Sakya -- secouant la tête, agitant sa langue, levant les sourcils de sorte que son front était plissé en trois sillons -- partit, appuyé sur son bâton. Alors, le soir venu, le Béni du Ciel sortit de sa réclusion et alla au Parc des Banyans. En arrivant, il s'assit sur un siège qui lui avait été préparé. Comme il était assis là, il [raconta aux moines ce qui s'était passé]. Quand ceci eut été dit, un certain moine dit au Béni du Ciel, "Seigneur, quelle sorte de doctrine est-ce où on ne se querelle plus avec quiconque dans le cosmos avec ses divinités, Maras, et Brahmas, avec ses contemplatifs et prêtres, ses nobles de sang royal et basse populace; où les perceptions n'obsèdent plus le brahmane qui demeure dissocié des plaisirs sensuels, exempt de perplexité, son incertitude éliminée, dépourvu de toute envie compulsive pour le devenir et le non-devenir?" "Si, ô moine, par rapport à la cause par laquelle les perceptions et les catégories de complication assaillent une personne, il n'y a là rien à apprécier, à accueillir, ou à quoi demeurer attaché, alors c'est la fin des obsessions de passion, des obsessions de résistance, des obsessions de vues, des obsessions d'incertitude, des obsessions d'orgueil, des obsessions de passion pour le devenir, et des obsessions d'ignorance. C'est la fin des [moments où] on s'empare de bâtons et d'armes à lame, des arguments, querelles, disputes, accusations, médisances génératrices de discorde, et calomnies. C'est où cessent sans reste ces choses mauvaises, malavisées." C'est ce que déclara le Béni du Ciel. L'ayant dit, l'Ainsi-Venu se leva de son siège et rentra dans son habitation. Alors, peu de temps après le départ du Béni du Ciel, cette pensée vint aux moines: "Cette brève déclaration qu'a faite le Béni du Ciel, après quoi il est rentré dans son habitation sans analyser le sens détaillé -- c-à-d., 'Si, par rapport à la cause par laquelle les perceptions et les catégories de complication assaillent une personne, il n'y a là rien à apprécier... c'est là où cessent sans reste ces choses mauvaises, malavisées': qui donc pourrait analyser le sens détaillé non-analysé de cette brève déclaration?" Alors la pensée leur vint, "le Vén. Maha Kaccana est loué par l'Enseignant et estimé par ses compagnons bien informés dans la vie sainte. Il est capable d'analyser le sens détaillé non-analysé de cette brève déclaration. Supposons que nous allions le voir et, qu'en arrivant, nous le questionnions sur cette affaire." Alors les moines allèrent trouver le Vén. Maha Kaccana et, en arrivant, échangèrent avec lui de courtoises salutations. Après un échange d'amicales salutations et courtoisies, ils s'assirent d'un côté. Une fois assis là, ils [lui racontèrent ce qui s'était passé, et ajoutèrent,] "Analysez-en le sens, Vén. Maha Kaccana!" [Il répondit:] "Mes amis, c'est comme si un homme qui avait besoin de bois de coeur, en train de chercher du bois de coeur, parti à la recherche de bois de coeur -- en passant par-dessus la racine et le tronc d'un arbre sur pied qui aurait du bois de coeur -- devait imaginer qu'il faut chercher le bois de coeur dans ses branches et ses feuilles. Il en est de même pour vous, qui -- ayant contourné le Béni du Ciel quand vous étiez face à face avec lui, l'Enseignant -- imaginez de m'interroger sur cette affaire. Car connaissant, le Béni du Ciel connait; voyant, il voit. Il est l'Oeil, il est la Connaissance, il est le Dhamma, il est Brahma. Il est l'orateur, le proclamateur, l'élucidateur du sens, le donateur du Sans-Mort, le seigneur du Dhamma, le Tathâgata. C'est à ce moment-là que vous auriez du l'interroger sur cette affaire. Peu importe comment il aurait répondu, c'est ainsi que vous auriez dû vous en rappeler." "Oui, ami Kaccana: connaissant, le Béni du Ciel connaît; voyant, il voit. Il est l'Oeil, il est la Connaissance, il est le Dhamma, il est Brahma. Il est l'orateur, le proclamateur, l'élucidateur de sens, le donateur du Sans-Mort, le seigneur du Dhamma, le Tathâgata. C'est à ce moment-là que nous aurions dû l'interroger sur cette affaire. Peu importe comment il aurait répondu, c'est ainsi que nous aurions dû nous en rappeler. Mais vous êtes loué par l'Enseignant et estimé par vos compagnons bien informés dans la vie sainte. Vous êtes capable d'analyser le sens détaillé non-analysé de cette brève déclaration. Analysez-en le sens, Vén. Maha Kaccana!" "Dans ce cas, mes amis, écoutez et soyez très attentifs. je vais parler." "Qu'il en soit comme vous le dites, mon ami," répondirent les moines. Le Vén. Maha Kaccana dit ceci: "En ce qui concerne la brève déclaration qu'a faite le Béni du Ciel, après quoi il est rentré dans son habitation sans analyser le sens détaillé -- c-à-d., 'Si, par rapport à la cause par laquelle les perceptions et les catégories de complication assaillent une personne, il n'y a là rien à apprécier, à accueillir, ou à quoi demeurer attaché, alors c'est la fin des obsessions de passion, des obsessions de résistance, des obsessions de vues, des obsessions d'incertitude, des obsessions d'orgueil, des obsessions de passion pour le devenir, et des obsessions d'ignorance. C'est la fin des [moments où] on s'empare de bâtons et d'armes à lame, des arguments, querelles, disputes, accusations, médisances génératrices de discorde, et calomnies. C'est là où cessent sans reste ces choses mauvaises, malavisées' "En fonction de l'oeil et des formes, la conscience-oeil surgit. La rencontre des trois est contact. Avec le contact pour condition pré-requise, il y une sensation. Ce qu'on ressent, on le perçoit (étiquettes dans l'esprit). Ce qu'on perçoit, on y pense. Ce à quoi on pense, on le complique. Sur la base de ce qu'une personne complique, les perceptions et catégories de complication l'assaillent par rapport aux formes connaissables via l'oeil qui sont passées, présentes, et futures. "En fonction de oreille et des sons, la conscience-oreille surgit... "En fonction du nez et des arômes, la conscience-nez surgit... "En fonction de la langue et des saveurs, la conscience-langue surgit... "En fonction du corps et des sensations tactiles, la conscience-corps surgit... "En fonction de l'intellect et des idées, la conscience-intellect surgit. La rencontre des trois est contact. Avec le contact pour condition pré-requise, il y a sensation. Ce qu'on ressent, on le perçoit (étiquettes dans l'esprit). Ce qu'on perçoit, on y pense. Ce à quoi on pense, on le complique. Sur la base de ce qu'une personne complique, les perceptions et catégories de la complication l'assaillent par rapport aux idées connaissables via l'intellect, passées, présentes, et futures. "Maintenant, quand il y a l'oeil, quand il y a les formes, quand il y a la conscience de l'oeil, il est possible de tracer un schéma de contact. Lorsqu'il y a un schéma de contact, il est possible de tracer un schéma de sensation. Lorsqu'il y a un schéma de sensation, il est possible de tracer un schéma de perception. Lorsqu'il y a un schéma de perception, il est possible de tracer un schéma de pensée. Lorsqu'il y a un schéma de pensée, il est possible de tracer un schéma de l'être assailli par les perceptions et les catégories de complication. "Lorsqu'il y a l'oreille... "Lorsqu'il y a le nez... "Lorsqu'il y a la langue... "Lorsqu'il y a le corps... "Lorsqu'il y a l'intellect, lorsqu'il y a les idées, lorsqu'il y a la conscience-intellect, il est possible de tracer un schéma de contact. Lorsqu'il y a un schéma de contact, il est possible de tracer un schéma de sensation. Lorsqu'il y a un schéma de sensation, il est possible de tracer un schéma de perception. Lorsqu'il y a un schéma de perception, il est possible de tracer un schéma de pensée. Lorsqu'il y a un schéma de pensée, il est possible de tracer un schéma de l'être assailli par les perceptions et catégories de complication. "Maintenant, quand il n'y a pas l'oeil, quand il n'y a pas les formes, quand il n'y a pas la conscience de l'oeil, il est impossible de tracer un schéma de contact. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de contact, il est impossible de tracer un schéma de sensation. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de sensation, il est impossible de tracer un schéma de perception. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de perception, il est impossible de tracer un schéma de pensée. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de pensée, il est impossible de tracer un schéma de l'être assailli par les perceptions et catégories de complication. "Lorsqu'il n'y a pas d'oreille... "Lorsqu'il n'y a pas de nez... "Lorsqu'il n'y a pas de langue... "Lorsqu'il n'y a pas de corps... "Lorsqu'il n'y a pas d'intellect, quand il n'y a pas d'idées, quand il n'y a pas la conscience-intellect, il est impossible de tracer un schéma de contact. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de contact, il est impossible de tracer un schéma de sensation. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de sensation, il est impossible de tracer un schéma de perception. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de perception, il est impossible de tracer un schéma de pensée. Lorsqu'il n'y a pas de schéma de pensée, il est impossible de tracer un schéma de l'être assailli par les perceptions et catégories de complication. "Donc, en ce qui concerne le brève déclaration qu'a faite le Béni du Ciel, après quoi il est rentré dans son habitation sans analyser le sens détaillé -- c-à-d., 'Si, par rapport à la cause par laquelle les perceptions et les catégories de complication assaillent une personne, il n'y a là rien à apprécier, à accueillir, ou à quoi demeurer attaché, alors c'est la fin des obsessions de passion, des obsessions de résistance, des obsessions de vues, des obsessions d'incertitude, des obsessions d'orgueil, des obsessions de passion pour le devenir, et des obsessions d'ignorance. C'est la fin des [moments où] on s'empare de bâtons et d'armes à lame, des arguments, querelles, disputes, accusations, médisances qui entraînent la discorde, et des calomnies. C'est là où ces choses mauvaises, malavisées, cessent sans reste' -- c'est ainsi que je comprends le sens détaillé. Maintenant, si vous le désirez, en allant voir le Béni du Ciel, questionnez-le sur cette affaire. Peu-importe comment il vous répondra, souvenez-vous en." Alors les moines, se réjouissant et approuvant les paroles du Vén. Maha Kaccana, se levèrent de leurs sièges et allèrent trouver le Béni du Ciel. En arrivant, s'étant inclinés devant lui, ils s'assirent d'un côté. Une fois assis là, ils [lui dirent ce qui s'était passé après qu'il était rentré dans son habitation, et terminèrent en disant,] "Alors le Vén. Maha Kaccana a analysé le sens en se servant de ces paroles, déclarations, et phrases." "Maha Kaccana est sage, moines. Il est une personne de grand discernement. Si vous m'aviez interrogé sur cette affaire, je vous aurais moi aussi répondu de la même façon que lui. C'est le sens de cette déclaration. C'est ainsi que vous devriez vous la rappeler." Quand ceci eut été dit, le Vén. Ananda dit au Béni du Ciel, "Seigneur, c'est comme si un homme -- accablé par la faim, la faiblesse et la soif -- devait tomber sur une boule de miel. Partout où il la goûterait, il ferait l'expérience d'une douce et délectable saveur. De même, partout où un moine capable d'attention explorerait le sens de ce discours du Dhamma avec son discernement, il ferait l'expérience d'une gratification, il ferait l'expérience de la confiance en soi. Quel est le nom de ce discours du Dhamma?" "Alors, Ananda, tu peux te rappeler ce discours du Dhamma comme 'Discours de la boule de miel.'" C'est là ce que dit le Béni du Ciel. Gratifié, le Vén. Ananda se réjouit des paroles du Béni du Ciel. ———oOo——— Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives. Toute réutilisation de ce contenu doit citer ses sources originales. |