— A Mâgandiya — Dans le bourg de marché de Kammâsadhamma, au pays des Kurus, Mâgandiya, l'ascète errant, est vexé de la critique que fait le Bouddha de ses fausses vues. Ce dernier l'exhorte à pratiquer le contrôle des sens et des pensées sensuelles. Il a raconté à l'ascète l'histoire de son renoncement, comment il a quitté son palais luxueux et comment , en découvrant la Vérité, il a trouvé le bonheur dans l'état d'Arahant, bien supérieur à tous les plaisirs des sens. Mâgandiya abandonne alors ses vues fausses et devient un disciple du Bouddha.
J'ai entendu qu'à une occasion, le Béni du Ciel demeurait au pays des Kurû près de la ville de Kammâsadammam, au foyer sacrificiel d'un brahmane du clan Bhâradvâja, sur une litière de foin. Or donc le Béni du Ciel s'étant préparé au petit matin, ayant pris son manteau et son bol, s'en alla à Kammâsadammam pour demander l'aumône. Après avoir mangé sa nourriture d'aumônes, il se rendit dans un bosquet voisin pour y passer l'après-midi au pied d'un arbre jusqu'au soir. Un pèlerin du nom de Mâgandiya, en promenade dans les environs, arriva près de l'autel du brahmane Bhâradvâja et, remarquant la litière de foin, demanda: "Pour qui cette litière a-t-elle été préparée? On dirait le lit d'un ascète." "C'est pour l'ascète Gotama, le fils des Sakyâ qui a renoncé à son héritage. Ce seigneur Gotama est pourtant partout salué de joyeux cris de gloire, comme suit: 'Voici le Béni du Ciel, l'arahant, le parfaitement Eveillé, éprouvé en sagesse et dans la vie, l'Ainsi-Venu, le connaisseur du monde, le guide des animaux humains, l'enseignant des dieux et des hommes'. "C'est vraiment une mauvaise chose, Bhâradvâja, que nous avons vue, maintenant que nous avons vu la litière de ce seigneur Gotama, le destructeur!" "Ne parle pas ainsi, Mâgandiya, ne parle pas ainsi! De nombreux princes, prêtres, maîtres de maison et ascètes savants ont été par lui pacifiés et instruits dans son Dhamma saint et correct." "Même si je voyais ce monsieur en face, je lui dirais en face: 'L'ascète Gotama est un destructeur'. Car comme tel, il va à l'encontre de nos principes." "Si le seigneur Mâgandiya n'y voit pas d'inconvénient, je voudrais rapporter ceci à l'ascète Gotama." "Je ne voudrais pas ennuyer le seigneur Bhâradvâja, mais qu'il le lui dise à son gré." Or le Béni du Ciel, de son ouïe céleste, éclaircie, surpassant l'humaine, entendit la discussion et, quand vers le soir il eut fini sa méditation, il revint à l'autel du brahmane Bhâradvâja et s'assit sur la paillasse. Ayant échangé les courtoisies d'usage, le Béni du Ciel demanda: "Y a-t-il eu une discussion entre toi et le pèlerin Mâgandiya par rapport à cette paillasse?" Bhâradvâja le brahmane, à ces mots, frissonna, agité, et dit au Béni du Ciel: "C'est précisément ce que nous voulions rapporter au seigneur Gotama, mais voilà qu'il m'enlève les mots de la bouche!" Et ce dialogue était à peine commencé que le pèlerin Mâgandiya, continuant sa promenade, revint près de l'autel du brahmane, échangea de courtoises salutations avec le Béni du Ciel e s'assit de côté. A Mâgandiya le Béni du Ciel dit: "L'oeil s'amuse, se régale, se complaît dans les formes. L'Eveillé l'a dompté, surveillé, gardé, freiné: pour le freiner il expose le Dhamma. Peut-être est-ce à cela que tu as pensé, Mâgandiya, quand tu as dit: 'L'ascète Gotama est un destructeur'?" "Certes, c'est bien à cela que j'ai pensé quand je l'ai dit, car en disant cela, il va à l'encontre de nos principes." "L'oreille se régale des sons; le nez, des odeurs; la langue, des saveurs; le corps, des contacts; l'esprit des pensées. L'Eveillé l'a freinée: pour la freiner il expose le Dhamma. Est-ce à cela que tu as pensé en disant que je suis un destructeur?" "Certes, c'est bien à cela que j'ai pensé." "Qu'en penses-tu, Mâgandiya: voici, on s'est d'abord servi des formes pénétrant par l'oeil dans la conscience, désirées, aimées, fascinantes, appréciées, qui correspondent aux envies, excitantes; lui, après avoir réalisé tel que c'est effectivement présent l'origine et la disparition, l'attrait et le danger, et le moyen d'échapper aux formes, réprimant la soif des formes, éliminant la fièvre des formes, ayant échappé à leur brûlure il demeure avec l'esprit pacifié. Contre celui-là que pourrais-tu dire?" "Certes rien, maître Gotama!" "Qu'en penses-tu, Mâgandiya: voici, on s'est d'abord servi des sons pénétrant par l'oreille dans la conscience, des odeurs pénétrant par le nez dans la conscience, des saveurs pénétrant par la langue dans la conscience, des contacts pénétrant par le corps dans la conscience, désirés, aimés, fascinants, appréciés, qui correspondent aux envies, excitants; lui, après avoir réalisé tel que c'est effectivement présent l'origine et la disparition, l'attrait et le danger, et le moyen d'échapper aux contacts, éliminant la fièvre des contacts, ayant échappé à leur brûlure il demeure avec l'esprit pacifié. Contre celui-là que pourrais-tu dire?" "Certes rien, maître Gotama!" "Auparavant, je vivais au foyer, jouissant, pourvu et doté des cinq éléments du désir: des formes, des sons, des odeurs, des saveurs, des contacts pénétrants dans la conscience par le moyen des organes relatifs: désirés, aimés, fascinants, appréciés, correspondant aux avidités, excitants. Et je possédais trois palais: un pour l'automne, un pour l'hiver et un pour l'été [1]. Et je passais les quatre mois de la mousson au palais d'automne, servi par des jeunes filles qui jouaient et chantaient de la musique, sans sortir du palais. Et puis, après avoir réalisé -- tel que c'est effectivement présent -- l'origine et la disparition de, l'attrait et le danger de, et le moyen d'échapper à, les plaisirs des sens, ayant réprimé l'avidité sensuelle et éliminé la fièvre des sens, je suis resté l'esprit intérieurement en paix. Et je vois les autres êtres excités par le désir, dévorés par l'avidité du désir, brûlés par la fièvre du désir, jouissant du désir: et je ne les envie pas, et je ne m'y complais pas. Et pourquoi donc? Ma joie, bien éloignée des avidités et des choses non salutaires arrive au niveau d'un plaisir céleste. Jouissant d'une telle joie, je n'envie pas celle qui lui est inférieure. "Supposons qu'il y avait un maître de maison ou le fils d'un maître de maison, riche, grand propriétaire, jouissant, pourvu et doté des cinq éléments du désir. Lui, ayant eu une bonne conduite en actions, en paroles et en pensées, arriverait, à la dissolution du corps, après la mort, dans une bonne renaissance, dans le monde céleste, auprès des dieux des Trente-Trois. Et lui, vivant dans la forêt de la volupté, entouré d'une grande quantité de nymphes célestes, jouissant, pourvu et doté des cinq éléments célestes du désir, envierait-il les cinq éléments humains de désir de ce maître de maison, retournerait-il aux désirs humains?" "Certes non, maître Gotama! Et pourquoi donc? Les désirs célestes valent mieux que, et sont supérieurs à, les désirs humains." "Il en va de même pour moi. "Mâgandiya, supposons qu'il y avait un lépreux couvert de plaies et d'infections, dévoré par les vers, qui enlèverait les croûtes de sur ses plaies avec ses ongles, et cautériserait son corps au-dessus d'une fosse de braises ardentes. Ses amis, ses compagnons, et sa parenté l'emmèneraient voir un médecin. Le médecin concocterait des médicaments pour lui, et grâce à ces médicaments il serait guéri de sa lèpre: bien-portant et heureux, libre, maître de lui-même, pouvant aller là où il voudrait. Et supposons maintenant deux hommes forts qui, s'étant saisi de lui par les deux bras, le traînaient jusqu'à une fosse de braises ardentes. Qu'en penses-tu? Ne tordrait-il pas son corps en tous sens?" "Oui, maître Gotama. Et pourquoi donc? Le feu est douloureux au toucher, très chaud et brûlant." "Maintenant, qu'en penses-tu, Mâgandiya? Est-ce que le feu est douloureux au toucher, très chaud et brûlant, seulement maintenant, ou était-il aussi comme ça auparavant?" "Il est aussi douloureux au toucher, très chaud et brûlant, maintenant qu'auparavant maître Gotama. C'est seulement que quand l'homme était lépreux couvert de plaies et d'infections, dévoré par les vers, en train d'enlever les croûtes de sur ses plaies avec ses ongles, ses facultés étaient altérées, et c'est pour cette raison que, même si le feu était effectivement douloureux au toucher, il en avait une la perception biaisée de 'agréable.'" "De la même manière, Mâgandiya, les plaisirs des sens étaient par le passé douloureux au toucher, très chauds et brûlants; les plaisirs des sens seront à l'avenir douloureux au toucher, très chauds et brûlants; les plaisirs des sens sont à présent douloureux au toucher, très chauds et brûlants; mais quand des êtres ne sont pas libres de la passion des plaisirs des sens -- dévorés par l'avidité sensuelle, brûlants de fièvre sensuelle -- leurs facultés sont altérées, ce qui est la raison pour laquelle, même si les plaisirs des sens sont effectivement douloureux au toucher, ils en ont une la perception biaisée de 'agréable.' "Supposons maintenant qu'il y avait un lépreux couvert de plaies et d'infections, dévoré par les vers, qui enlèverait les croûtes de sur ses plaies avec ses ongles, et cautériserait son corps au-dessus d'une fosse de braises ardentes. Plus il cautériserait son corps au-dessus de la fosse de braises ardentes, plus ses plaies deviendraient dégoûtantes, puantes, et putrides, et pourtant il en ressentirait une petite part de jouissance et de satisfaction à cause de la démangeaison causée par ses plaies. De la même manière, des êtres qui ne sont pas libres de passion pour les plaisirs des sens -- dévorés par l'avidité sensuelle, brûlants de fièvre sensuelle -- s'adonnent aux plaisirs des sens. Plus ils s'adonnent aux plaisirs des sens, plus leur avidité sensuelle augmente et plus ils brûlent de fièvre sensuelle, et pourtant ils ressentent une petite part de jouissance et de satisfaction en fonction des cinq éléments du désir. "Maintenant, qu'en penses-tu, Mâgandiya? As-tu déjà vu ou entendu parler d'un prince ou du ministre d'un prince -- jouissant, pourvu et doté des cinq éléments du désir, sans réprimer l'avidité sensuelle, sans éliminer la fièvre des sens -- qui aurait demeuré, demeurera ou demeure libre de la soif, son esprit intérieurement en paix?" "Non, maître Gotama." "Très bien, Mâgandiya. Moi non plus, je n'ai jamais vu ou entendu parler d'un prince ou du ministre d'un prince -- jouissant, pourvu et doté des cinq éléments du désir, sans réprimer l'avidité sensuelle, sans éliminer la fièvre des sens -- qui aurait demeuré, demeurera ou demeure libre de la soif, son esprit intérieurement en paix. Mais tout prêtre ou contemplatif qui a demeuré, demeurera ou demeure libre de la soif, l'esprit intérieurement en paix, l'a fait après avoir réalisé -- tel que c'est effectivement présent -- l'origine et la disparition, l'attrait et le danger, et le moyen d'échapper aux plaisirs des sens, ayant réprimé l'avidité sensuelle et éliminé la fièvre des sens."
Alors à ce moment le Béni du Ciel s'exclama, Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang. La libération: l'aisance de tout premier rang. L'Octuple: la voie de tout premier rang pouvant aller au Sans-mort,
la Sécurité. Lorsque ceci fut dit, Mâgandiya le pèlerin dit au Béni du Ciel, "C'est étonnant, maître Gotama. C'est remarquable, comment ceci, aussi, est bien énoncé par maître Gotama: 'Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang. La libération: l'aisance de tout premier rang.' Nous l'avons aussi entendu dire par de précédents pèlerins dans la lignée de nos enseignants: 'Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang. La libération: l'aisance de tout premier rang.' Ceci est en accord avec cela." "Mais en ce qui a trait à ce que tu as entendu dire par de précédents pèlerins dans la lignée de vos enseignants, Mâgandiya -- 'Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang. La libération: l'aisance de tout premier rang' -- quelle exemption de maladie est-ce là, quelle libération?" Lorsque ceci fut dit, Mâgandiya le pèlerin frictionna ses propres membres de sa main. "Ceci est cette exemption de maladie, maître Gotama," dit-il. "Ceci est cette libération. Car je suis maintenant exempt de maladie, heureux, et rien ne m'afflige." "Mâgandiya, c'est tout comme s'il y avait un homme aveugle de naissance qui ne pourrait voir des objets noirs... blancs... bleus... jaunes... rouges... ou des objets roses; qui ne pourrait voir les endroits unis ou raboteux, les étoiles, le soleil, ou la lune. Il entendrait un homme à la bonne vue qui dirait, 'Quelle merveille, mes bons messieurs, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre.' Il partirait à la recherche de quelque chose de blanc. Puis un autre homme le tromperait avec un chiffon dégoûtant et taché d'huile: 'Là, mon bon monsieur, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre.' L'aveugle le prendrait et le mettrait sur lui. Se l'étant mis sur lui, gratifié, il prononcerait des paroles de gratification, 'Quelle merveille, mes bons messieurs, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre.' Maintenant, qu'en penses-tu, Mâgandiya? Quand cet homme aveugle de naissance prenait le chiffon dégoûtant et taché d'huile et le mettait sur lui; et, se l'étant mis sur lui, gratifié, s'est exclamé des paroles de gratification, 'Quelle merveille, bons messieurs, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre': L'a-t-il fait en toute connaissance de cause et de vue, ou par confiance envers l'homme à la bonne vue?" "Certes, il l'a fait sans savoir ni voir, maître Gotama, mais par confiance envers l'homme à la bonne vue."
"De la même manière, Mâgandiya, les pèlerins d'autres écoles sont aveugles et sans yeux. Sans connaître l'exemption de la maladie, sans voir La libération, ils prononcent encore ces versets: 'Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang.
La libération: l'aisance de tout premier rang.'
"Ce verset a été énoncé par de nobles personnes plus anciennes, pleinement auto-éveillées: 'Exemption de maladie: la bonne fortune de tout premier rang. La libération: l'aisance de tout premier rang. L'Octuple: la voie de tout premier rang pouvant aller au Sans-mort,
la Sécurité.' "Mais maintenant c'est progressivement devenu un verset des gens vulgaires. "Ce corps, Mâgandiya, est une maladie, un cancer, une flèche, une douleur, une affliction. Et pourtant tu dis, en faisant référence à ce corps, qui est une maladie, un cancer, une flèche, une douleur, une affliction: 'Ceci est cette exemption de maladie, maître Gotama. Ceci est cette libération,' car tu n'as pas la noble vision avec laquelle tu pourrais connaître l'exemption de la maladie et voir La libération." "Je suis convaincu, maître Gotama, que vous pouvez m'enseigner le Dhamma de telle sorte que je connaisse l'exemption de la maladie, que je voie La libération." "Mâgandiya, c'est tout comme s'il y avait un homme aveugle de naissance qui ne pourrait voir des objets noirs... blancs... bleus... jaunes... rouges... le soleil ou la lune. Ses amis, ses compagnons, et sa parenté l'emmèneraient voir un médecin. Le médecin concocterait des médicaments pour lui, mais en dépit de ces médicaments sa vue n'apparaîtrait pas ni ne s'éclaircirait. Qu'en penses-tu, Mâgandiya? Est-ce que ce médecin n'aurait rien que sa part de fatigue et de déception?" "Oui, maître Gotama." "De la même manière, Mâgandiya, si je devais t'enseigner le Dhamma -- 'Ceci est cette exemption de maladie; ceci est cette libération' -- et que toi, de ton côté, ne connaissais pas l'exemption de maladie ni ne voyais la Libération, cela me serait fatigant; cela me serait ennuyeux." "Je suis convaincu, maître Gotama, que vous pouvez m'enseigner le Dhamma de telle sorte que je connaisse l'exemption de la maladie, que je voie La libération." "Mâgandiya, c'est tout comme s'il y avait un homme aveugle de naissance qui ne pourrait voir des objets noirs... blancs... bleus... jaunes... rouges... le soleil ou la lune. Supposons maintenant qu'un certain homme prenait un chiffon dégoûtant et taché d'huile et le trompait, en disant, 'Là, mon bon monsieur, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre.' L'aveugle le prendrait et le mettrait sur lui. "Alors ses amis, ses compagnons, et sa parenté l'emmèneraient voir un médecin. Le médecin concocterait des médicaments pour lui: des purges et des lavements, des onguents et des contre-onguents et des traitements par le nez. Et grâce à ces médicaments sa vue apparaîtrait et s'éclaircirait. Puis en même temps que surviendrait sa vue, il réprimerait toute passion et tout plaisir qu'il ressentirait pour ce chiffon dégoûtant et taché d'huile. Et il considérerait cet homme comme un ennemi et en rien un ami, et penserait qu'il mériterait qu'on le tue. 'Mon dieu, comme j'ai été longtemps trompé, fraudé, et induit en erreur par cet homme et son chiffon dégoûtant et taché d'huile! -- "Là, mon bon monsieur, voici un tissu blanc -- superbe, sans tache, et propre."' "De la même manière, Mâgandiya, si je devais t'enseigner le Dhamma -- 'Ceci est cette exemption de la maladie; ceci est cette libération' -- et que toi, de ton côté, tu devais connaître cette exemption de la maladie et voir cette Libération, alors en même temps que naîtrait ta vue tu réprimerais toute passion et toutes délices que tu aurais pu ressentir par rapport aux cinq agrégats d'attachement. Et il te viendrait à l'esprit, 'Mon dieu, comme j'ai été longtemps trompé, fraudé, et induit en erreur par cet esprit! Car dans mon attachement, ce n'est qu'à la forme que j'étais attaché... ce n'est qu'à la sensation... qu'à la perception... qu'aux fabrications... qu'à la conscience que j'étais attaché. Avec mon attachement en tant que prérequis, surgit le devenir... la naissance... la vieillesse et la mort... la tristesse, le chagrin, les douleurs, les angoisses, et les désespoirs. Et c'est là que prend son origine toute cette masse de stress.'" "Je suis convaincu, maître Gotama, que vous pouvez m'enseigner le Dhamma de telle sorte que je pourrais me lever de ce siège guéri de ma cécité." "Dans ce cas, Mâgandiya, associe-toi avec des hommes d'intégrité. Quand tu t'associes avec des hommes d'intégrité, tu peux entendre le vrai Dhamma. Quand tu entends le vrai Dhamma, tu peux pratiquer le Dhamma en accord avec le Dhamma. Lorsque tu pratiques le Dhamma en accord avec le Dhamma, tu peux savoir et voir par toi-même: 'Ces choses sont des maladies, des cancers, des flèches. Et c'est ici que cessent sans trace les maladies, les cancers, et les flèches. Avec la cessation de mon attachement arrive la cessation du devenir. Avec la cessation du devenir arrive la cessation de la naissance. Avec la cessation de la naissance, alors la vieillesse et la mort, la tristesse, le chagrin, la douleur, l'angoisse, et le désespoir cessent tous. Telle est la cessation de toute cette masse de souffrance et de stress." Lorsque ceci fut dit, Mâgandiya le pèlerin dit, "Magnifique, maître Gotama! Magnifique! Tout comme s'il redressait ce qui avait été renversé, qu'il révélait ce qui était caché, montrait le chemin à qui s'était égaré, ou portait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir les formes, de même maître Gotama -- grâce à plusieurs enchaînement de raisonnement -- a éclairci le Dhamma. Je prends refuge auprès du maître Gotama, du Dhamma, et de la communauté des moines. Permettez-moi de pouvoir poursuivre en présence du maître Gotama, accordez-moi l'admission." "Quiconque, Mâgandiya, qui a auparavant appartenu à une autre école et qui désire de pouvoir poursuivre et d'obtenir son admission dans cette doctrine et discipline, doit d'abord se soumettre à probation pour quatre mois. Si, à la fin des quatre mois, les moines y sont enclins, ils lui accordent de pouvoir poursuivre et l'admettent à l'état de moine. Mais je sais qu'il y a des différences selon les individus en la matière." "Maître Gotama, si quiconque a auparavant appartenu à une autre école et désire de pouvoir poursuivre et d'obtenir son admission dans cette doctrine et discipline doit d'abord se soumettre à probation pour quatre mois; et si, à la fin des quatre mois, les moines y étant enclins, ils lui accordent de pouvoir poursuivre et l'admettent à l'état de moine; alors je veux bien être soumis à probation pour quatre ans. Si, à la fin des quatre ans, les moines y sont enclins, qu'ils m'accordent alors de pouvoir poursuivre et m'admettent à l'état de moine." Alors Mâgandiya le pèlerin reçut de pouvoir poursuivre et fut admis en présence du Béni du Ciel. Et peu de temps après son admission -- habitant seul, reclus, attentif, ardent, et résolu -- il atteint en peu de temps et demeura dans le but suprême de la vie sainte, pour laquelle des hommes de clans quittent à bon droit le domicile pour vivre sans domicile fixe, le sachant et le réalisant pour lui-même dans l'ici et maintenant. Il sut que: "La naissance est terminée, la vie sainte est réussie, la tâche accomplie. Il n'y a rien de plus pour ce monde." Et c'est ainsi que le Vén. Mâgandiya devint l'un des arahants. ———oOo——— Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives. Toute réutilisation de ce contenu doit citer ses sources originales. |