— Étant dévoré — Dans cet extrait, le Bouddha offre une explication des noms donnés aux accumulations d'attachement. |
Pāḷi
Sāvatthinidānaṃ.
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FrançaisÀ Savatthi. |
Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā anekavihitaṃ pubbenivāsaṃ anussaramānā anussaranti sabbete pañcupādānakkhandhe anussaranti etesaṃ vā aññataraṃ. Katame pañca? ‘Evaṃrūpo ahosiṃ atītamaddhāna’nti: iti vā hi, bhikkhave, anussaramāno rūpaṃyeva anussarati. ‘Evaṃvedano ahosiṃ atītamaddhāna’nti: iti vā hi, bhikkhave, anussaramāno vedanaṃyeva anussarati. ‘Evaṃsañño ahosiṃ atītamaddhāna’nti: iti vā hi, bhikkhave, anussaramāno saññaññeva anussarati. ‘Evaṃsaṅkhāro ahosiṃ atītamaddhāna’nti: iti vā hi, bhikkhave, anussaramāno saṅkhāreyeva anussarati. ‘Evaṃviññāṇo ahosiṃ atītamaddhāna’nti: iti vā hi, bhikkhave, anussaramāno viññāṇameva anussarati. |
Mendiants, tous les renonçants ou les brahmanes qui se remémorent leurs diverses existences passées se remémorent l'une ou l'autre des cinq accumulations d'attachement. Quelles sont ces cinq? Celui qui se remémore: “Dans le passé j'avais telle forme”, c'est bien la Forme qu'il se remémore. Celui qui se remémore: “Dans le passé j'avais tel ressenti”, c'est bien le Ressenti qu'il se remémore. Celui qui se remémore: “Dans le passé j'avais telle perception”, c'est bien la Perception qu'il se remémore. Celui qui se remémore: “Dans le passé j'avais telles fabrications [volitionnelles]”, c'est biens les Constructions qu'il se remémore. Celui qui se remémore: “Dans le passé j'avais telle conscience”, c'est bien la Conscience qu'il se remémore.
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Kiñca, bhikkhave, rūpaṃ vadetha? Ruppatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘rūpa’nti vuccati. Kena ruppati? Sītenapi ruppati, uṇhenapi ruppati, jighacchāyapi ruppati, pipāsāyapi ruppati, ḍaṃsa-makasa-vātātapa-sarīsapa-samphassenapi ruppati. Ruppatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘rūpa’nti vuccati. |
Et pourquoi, mendiants, l'appelez-vous Forme? C'est parce qu'elle se fait déformer,{1} mendiants, qu'elle est appelée “Forme”. Déformer par quoi? Déformer par le froid, déformer par la chaleur, déformer par la faim, déformer par la soif, déformer par le contact avec les mouches, les moustiques, le vent, le soleil & les rampants. C'est parce qu'elle se fait déformer, mendiants, qu'elle est appelée “Forme”.
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Kiñca, bhikkhave, vedanaṃ vadetha? Vedayatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘vedanā’ti vuccati. Kiñca vedayati? Sukhampi vedayati, dukkhampi vedayati, adukkhamasukhampi vedayati. Vedayatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘vedanā’ti vuccati. |
Et pourquoi, mendiants, l'appelez-vous Ressenti? C'est parce qu'il ressent, mendiants, qu'il est appelé “Ressenti”. Et que ressent-il? Il ressent le bien-être, il ressent le mal-être, il ressent ce qui est neutre. C'est parce qu'il ressent, mendiants, qu'il est appelé “Ressenti”.
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Kiñca, bhikkhave, saññaṃ vadetha? Sañjānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saññā’ti vuccati. Kiñca sañjānāti? Nīlampi sañjānāti, pītakampi sañjānāti, lohitakampi sañjānāti, odātampi sañjānāti. Sañjānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saññā’ti vuccati. |
Et pourquoi, mendiants, l'appelez-vous Perception? C'est parce qu'elle perçoit,{2} mendiants qu'elle est appelée “Perception”. Et que perçoit-elle? Elle perçoit le bleu, elle perçoit le jaune, elle perçoit le rouge, elle perçoit le blanc.{3} C'est parce qu'elle perçoit, mendiants qu'elle est appelée “Perception”.
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Kiñca, bhikkhave, saṅkhāre vadetha? Saṅkhatam-abhisaṅkharontīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saṅkhārā’ti vuccati. Kiñca saṅkhatam-abhisaṅkharonti? Rūpaṃ rūpattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, vedanaṃ vedanattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, saññaṃ saññattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, saṅkhāre saṅkhārattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, viññāṇaṃ viññāṇattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti. Saṅkhatam-abhisaṅkharontīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saṅkhārā’ti vuccati. |
Et pourquoi, mendiants, les appelez-vous Constructions? C'est parce qu'elles construisent le construit, mendiants, qu'elles sont appelées “Constructions”. Et quel construit construisent-elles? Elles construisent la Forme en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d'être doué de Forme.{4} Elles construisent le Ressenti en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d'être doué de Ressenti. Elles construisent la Perception en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d'être doué de Perception. Elles construisent les Constructions en tant que fabrications, ce qui a pour conséquence le fait d'être doué de Constructions. Elles construisent la Conscience en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d'être doué de Conscience. C'est parce qu'elles construisent le construit, mendiants, qu'elles sont appelées “Constructions”.
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Kiñca, bhikkhave, viññāṇaṃ vadetha? Vijānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘viññāṇa’nti vuccati. Kiñca vijānāti? Ambilampi vijānāti, tittakampi vijānāti, kaṭukampi vijānāti, madhurampi vijānāti, khārikampi vijānāti, akhārikampi vijānāti, loṇikampi vijānāti, aloṇikampi vijānāti. Vijānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘viññāṇa’nti vuccati. | Et pourquoi, mendiants, l'appelez-vous Conscience? C'est parce qu'elle devient consciente,{5} mendiants, qu'elle est appelée “Conscience”. Et de quoi devient-elle consciente? Elle devient consciente de ce qui est acide, elle devient consciente de ce qui est amer, elle devient consciente de ce qui est aigre, elle devient consciente de ce qui est sucré, elle devient consciente de ce qui est alcalin, elle devient consciente de ce qui est non-alcalin, devient consciente de ce qui est salé et devient consciente de ce qui est non-salé.{6} C'est parce qu'elle devient consciente, mendiants, qu'elle est appelée Conscience. |
Tatra, bhikkhave, sutavā ariyasāvako iti paṭisañcikkhati: ‘ahaṃ kho etarahi rūpena khajjāmi. Atītampāhaṃ addhānaṃ evameva rūpena khajjiṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannena rūpena khajjāmi. Ahañceva kho pana anāgataṃ rūpaṃ abhinandeyyaṃ, anāgatampāhaṃ addhānaṃ evameva rūpena khajjeyyaṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannena rūpena khajjāmī’ti. So iti paṭisaṅkhāya atītasmiṃ rūpasmiṃ anapekkho hoti; anāgataṃ rūpaṃ nābhinandati; paccuppannassa rūpassa nibbidāya virāgāya nirodhāya paṭipanno hoti. | À cet égard, mendiants, un noble disciple instruit considère ceci: “Je suis à présent dévoré par la Forme. Dans le passé, j'étais également dévoré par la Forme, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Forme qui est apparue. Et si je me complais dans la Forme à venir, dans le futur je serai également dévoré par la Forme, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Forme qui est apparue.” Ayant considéré cela, il est indifférent vis-à-vis de la Forme passée, il ne se complaît pas dans la Forme à venir, et il pratique pour le désenchantement vis-à-vis de la Forme qui est présentement apparue, pour sa disparition et sa cessation. |
‘Ahaṃ kho etarahi vedanāya khajjāmi. Atītampāhaṃ addhānaṃ evameva vedanāya khajjiṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannāya vedanāya khajjāmi. Ahañceva kho pana anāgataṃ vedanaṃ abhinandeyyaṃ; anāgatampāhaṃ addhānaṃ evameva vedanāya khajjeyyaṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannāya vedanāya khajjāmī’ti. So iti paṭisaṅkhāya atītāya vedanāya anapekkho hoti; anāgataṃ vedanaṃ nābhinandati; paccuppannāya vedanāya nibbidāya virāgāya nirodhāya paṭipanno hoti. | “Je suis à présent dévoré par le Ressenti. Dans le passé, j'étais également dévoré par le Ressenti, de la même manière que je suis à présent dévoré par le Ressenti qui est apparu. Et si je me complais dans le Ressenti à venir, dans le futur je serai également dévoré par le Ressenti, de la même manière que je suis à présent dévoré par le Ressenti qui est apparu.” Ayant considéré cela, il est indifférent vis-à-vis du Ressenti passé, il ne se complaît pas dans le Ressenti à venir, et il pratique pour le désenchantement vis-à-vis du Ressenti qui est présentement apparu, pour sa disparition et sa cessation. |
‘Ahaṃ kho etarahi saññāya khajjāmi. Atītampāhaṃ addhānaṃ evameva saññāya khajjiṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannehi saññāya khajjāmīti. Ahañceva kho pana anāgate saññāyo, saññā abhinandeyyaṃ; anāgatampāhaṃ addhānaṃ evameva saññāya khajjeyyaṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannehi saññāya khajjāmī’ti. So iti paṭisaṅkhāya atītesu saññāsu anapekkho hoti; anāgate saññāyo, saññā nābhinandati; paccuppannānaṃ saññānaṃ nibbidāya virāgāya nirodhāya paṭipanno hoti. | “Je suis à présent dévoré par la Perception. Dans le passé, j'étais également dévoré par la Perception, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Perception qui est apparue. Et si je me complais dans la Perception à venir, dans le futur je serai également dévoré par la Perception, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Perception qui est apparue.” Ayant considéré cela, il est indifférent vis-à-vis de la Perception passée, il ne se complaît pas dans la Perception à venir, et il pratique pour le désenchantement vis-à-vis de la Perception qui est présentement apparue, pour sa disparition et sa cessation. |
‘Ahaṃ kho etarahi saṅkhārehi khajjāmi. Atītampāhaṃ addhānaṃ evameva saṅkhārehi khajjiṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannehi saṅkhārehi khajjāmīti. Ahañceva kho pana anāgate saṅkhāre abhinandeyyaṃ; anāgatampāhaṃ addhānaṃ evameva saṅkhārehi khajjeyyaṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannehi saṅkhārehi khajjāmī’ti. So iti paṭisaṅkhāya atītesu saṅkhāresu anapekkho hoti; anāgate saṅkhāre nābhinandati; paccuppannānaṃ saṅkhārānaṃ nibbidāya virāgāya nirodhāya paṭipanno hoti. | “Je suis à présent dévoré par les Constructions. Dans le passé, j'étais également dévoré par les Constructions, de la même manière que je suis à présent dévoré par les Constructions qui sont apparues. Et si je me complais dans les Constructions à venir, dans le futur je serai également dévoré par les Constructions, de la même manière que je suis à présent dévoré par les Constructions qui sont apparues.” Ayant considéré cela, il est indifférent vis-à-vis des Constructions passées, il ne se complaît pas dans les Constructions à venir, et il pratique pour le désenchantement vis-à-vis des Constructions qui sont présentement apparues, pour leur extinction et leur cessation. |
‘Ahaṃ kho etarahi viññāṇena khajjāmi. Atītampi addhānaṃ evameva viññāṇena khajjiṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannena viññāṇena khajjāmi. Ahañceva kho pana anāgataṃ viññāṇaṃ abhinandeyyaṃ; anāgatampāhaṃ addhānaṃ evameva viññāṇena khajjeyyaṃ, seyyathāpi etarahi paccuppannena viññāṇena khajjāmī’ti. So iti paṭisaṅkhāya atītasmiṃ viññāṇasmiṃ anapekkho hoti; anāgataṃ viññāṇaṃ nābhinandati; paccuppannassa viññāṇassa nibbidāya virāgāya nirodhāya paṭipanno hoti. | “Je suis à présent dévoré par la Conscience. Dans le passé, j'étais également dévoré par la Conscience, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Conscience qui est apparue. Et si je me complais dans la Conscience à venir, dans le futur je serai également dévoré par la Conscience, de la même manière que je suis à présent dévoré par la Conscience qui est apparue.” Ayant considéré cela, il est indifférent vis-à-vis de la Conscience passée, il ne se complaît pas dans la Conscience à venir, et il pratique pour le désenchantement vis-à-vis de la Conscience qui est présentement apparue, pour sa disparition et sa cessation. |
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Notes1. déformer: le verbe Pali est 'ruppati', qui signifie en réalité “être cassé, contrarié, blessé, gâché, molesté”. Il y a un jeu de mots sur l'apparente correspondance entre le verbe ruppati et Rūpa, bien qu'étymologiquement les deux mots ne soient pas corrélés. Pour tenter de transmettre en partie le sens de ce jeu de mots, le verbe “déformer” s'impose, même si le présent éclaircissement peut être requis pour expliquer son utilisation. La signification est que la forme (le corps) est sujette à toutes sortes de stress physiologiques qui exercent une certaine pression sur sa structure. 2. elle perçoit: sañjānāti signifie également “reconnaître, identifier”. 3. bleu, jaune, rouge, blanc: ces quatre couleurs correspondent à celles développées dans la pratique des kasiṇas. 4. pour le fait d'être doué de: rūpatta est impossible à traduire en un seul mot. Il s'agit du mot rūpa (forme) auquel on a additionné le suffixe -tta, qui signifie l'état de, la condition de. Rūpatta signifie donc le fait d'être doué d'une forme. 5. devient consciente: vijānāti signifie également “prendre conscience, appréhender, remarquer, distinguer, savoir”. 6. ce qui est acide... non-salé: la définition de Viññāṇa empiète apparemment sur celle de Saññā. Saññā effectue la reconnaissance en comparant l'information du présent avec celles du passé, alors que Viññāṇa prend connaissance de l'information brute du présent (ou du passé immédiatement précédent), non encore filtrée par Saññā. ———oOo——— Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives. --- Le traducteur n'est pas un expert en Pali, et afin d'éviter toute erreur se réfère à des traductions déjà existantes; il espère néanmoins que les erreurs qui peuvent se glisser dans la traduction ne sont que minimes. Ce travail est sous une License Internationale Creative Commons 4.0 avec Attribution, Usage non-commercial et Partage sous mêmes conditions. |