Le Bouddha commente la mort de Sāriputta et de Mahāmoggallāna.
Un jour, le Fortuné séjournait parmi les Vajjas, à Ukkacelā, au bord du Gange. C'était peu après la mort de Sāriputta et de Mahāmoggallāna. Ce jour-là, le Fortuné était assis à ciel ouvert, au milieu de la Communauté des mendiants. Le Bouddha parcourut du regard l'assemblée silencieuse des mendiants, puis il leur dit:
Cette assemblée, mendiants, me semble vide, maintenant que Sāriputta et Moggallāna ont atteint Parinibbāna. Cette assemblée n'était pas vide pour moi [auparavant], et je n'avais pas besoin de me soucier de [ce qui se produisait] là où se trouvaient Sāriputta et Moggallāna.
Les arahants, les Sammāsambuddhas qui sont apparus dans le passé avaient aussi une paire de disciples éminents, tout comme j'avais Sāriputta et Moggallāna. Les arahants, les Sammāsambuddhas qui apparaîtront dans le futur auront aussi une paire de disciples éminents, tout comme j'avais Sāriputta et Moggallāna.
C'est merveilleux, c'est admirable, mendiants, de la part des disciples, [le fait] qu'ils agiront selon les conseils de l'Instructeur, qu'ils se conformeront à ses exhorations, qu'ils seront agréables aux quatre assemblées, qu'ils seront honorés et estimés par elles. C'est merveilleux, c'est admirable, mendiants, de la part du Tathagata que lorsqu'une telle paire de disciples a atteint Parinibbāna, il n'y a ni aflliction ni lamentation de la part du Tathagata.
Comment, mendiants, pourrait-on obtenir: 'Puisse ce qui est né, venu à l'existence, fabriqué, et sujet à la désintégration, ne pas se désintégrer'? Cela est impossible.
C'est comme si les plus grosses branches d'un arbre ayant de la substance (du bois de cœur) étaient tombées. De la même manière, mendiants, dans la grande Communauté ayant de la substance, Sāriputta et Moggallāna ont atteint Parinibbāna. Comment, mendiants, pourrait-on obtenir: 'Puisse ce qui est né, venu à l'existence, fabriqué, et sujet à la désintégration, ne pas se désintégrer'? Cela est impossible.
C'est pourquoi, mendiants, chacun de vous devrait vivre en ayant lui-même pour île, lui-même pour refuge, sans avoir d'autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d'autre refuge.
Et comment un mendiant vit-il en ayant lui-même pour île, lui-même pour refuge, sans avoir d'autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d'autre refuge? À cet égard, un mendiant demeure ardent, attentif et sampajāno, observant le corps dans le corps, ayant abandonné convoitise et déplaisance mentale vis-à-vis du monde; il demeure ardent, attentif et sampajāno, observant les sensations dans les sensations... observant l’esprit dans l’esprit... il demeure ardent, attentif et sampajāno, observant les phénomènes mentaux dans les phénomènes mentaux, ayant abandonné convoitise et déplaisance mentale vis-à-vis du monde.
Voici comment un mendiant vit en ayant lui-même pour île, lui-même pour refuge, sans avoir d'autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d'autre refuge. Tous ceux qui, que ce soit maintenant ou une fois que je serai parti, vivront en ayant eux-mêmes pour île, eux-mêmes pour refuge, sans avoir d'autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d'autre refuge, seront pour moi les plus éminents parmi ceux qui sont assidus à l'entraînement.