SN 12.17
Acelakassapa Sutta
— La question d'Atchéla Kassapa —

Atchéla Kassapa interrompt le Bouddha au milieu de sa tournée d'aumônes pour lui poser des questions sur l'origine de l'insatisfaction.




Pāḷi



evaṃ me sutaṃ

Français



Ainsi ai-je entendu:

ekaṃ samayaṃ bhagavā rājagahe viharati veḷuvane kalandakanivāpe. atha kho bhagavā pubbaṇhasamayaṃ nivāsetvā pattacīvaramādāya rājagahaṃ piṇḍāya pāvisi. addasā kho acelo kassapo bhagavantaṃ dūratova āgacchantaṃ. disvāna yena bhagavā tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā bhagavatā saddhiṃ sammodi. sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekamantaṃ aṭṭhāsi. ekamantaṃ ṭhito kho acelo kassapo bhagavantaṃ etadavoca —

Un jour, le Fortuné séjournait près de Rajgiri, dans la bambouseraie, au refuge des écureuils. Ce matin-là, le Fortuné s'habilla, emporta son bol et ses robes, et se rendit à Rajgiri pour ses aumônes de nourriture. Atchéla Kassapa vit le Fortuné arriver de loin, s'approcha de lui et échangea des courtoisies avec lui. Après cet échange de courtoisies et de salutations amicales, il se tint debout d'un côté et lui dit:

“puccheyyāma mayaṃ bhavantaṃ gotamaṃ kañcideva desaṃ, sace no bhavaṃ gotamo okāsaṃ karoti pañhassa veyyākaraṇāyā””ti.

«Nous souhaiterions poser une petite question au Sieur Gotama, s'il daigne nous donner une réponse.

“akālo kho tāva, kassapa, pañhassa; antaragharaṃ paviṭṭhamhā””ti.

— Kassapa, ce n'est pas le moment pour une question, nous sommes entrés au milieu des maisons.»

dutiyampi kho acelo kassapo bhagavantaṃ etadavoca

Une deuxième fois, Atchéla Kassapa dit au Fortuné:

“puccheyyāma mayaṃ bhavantaṃ gotamaṃ kañcideva desaṃ, sace no bhavaṃ gotamo okāsaṃ karoti pañhassa veyyākaraṇāyā””ti.

«Nous souhaiterions poser une petite question au Sieur Gotama, s'il daigne nous donner une réponse.

“akālo kho tāva, kassapa, pañhassa; antaragharaṃ paviṭṭhamhā””ti.

— Kassapa, ce n'est pas le moment pour une question, nous sommes entrés au milieu des maisons.»

tatiyampi kho acelo kassapo … pe …

Une troisième fois (…)

… antaragharaṃ paviṭṭhamhāti.

«(…) nous sommes entrés au milieu des maisons.»

evaṃ vutte, acelo kassapo bhagavantaṃ etadavoca —

Lorsque cela fut dit, Atchéla Kassapa dit au Fortuné:

“na kho pana mayaṃ bhavantaṃ gotamaṃ bahudeva pucchitukāmā””ti.

«Nous ne souhaitons pas demander grand chose au Sieur Gotama.

“puccha, kassapa, yadākaṅkhasī””ti.

— Alors demande ce que tu souhaites, Kassapa.

“kiṃ nu kho, bho gotama, ‘sayaṃkataṃ dukkhan’’ti?

— Qu'en est-il, Sieur Gotama, est-ce que l'insatisfaction est produite par soi-même?

‘mā hevaṃ, kassapā’’ti bhagavā avoca.

— Non, Kassapa, il n'en est pas ainsi», dit le Fortuné.

‘kiṃ pana, bho gotama, paraṃkataṃ dukkhan’’ti?

«Alors, Sieur Gotama, est-ce que l'insatisfaction est produite par un autre?

‘mā hevaṃ, kassapā’’ti bhagavā avoca.

— Non, Kassapa, il n'en est pas ainsi», dit le Fortuné.

‘kiṃ nu kho, bho gotama, sayaṃkatañca paraṃkatañca dukkhan’’ti?

«Alors, Sieur Gotama, est-ce que l'insatisfaction est produite par soi-même et par un autre?

‘mā hevaṃ, kassapā’’ti bhagavā avoca.

— Non, Kassapa, il n'en est pas ainsi», dit le Fortuné.

‘kiṃ pana bho gotama, asayaṃkāraṃ aparaṃkāraṃ adhiccasamuppannaṃ dukkhan’’ti?

«Alors, Sieur Gotama, est-ce que l'insatisfaction n'est produite ni par soi-même ni par un autre?

‘mā hevaṃ, kassapā’’ti bhagavā avoca.

— Non, Kassapa, il n'en est pas ainsi», dit le Fortuné.

‘kiṃ nu kho, bho gotama, natthi dukkhan’’ti?

«Alors, Sieur Gotama, est-ce que l'insatisfaction n'existe pas?

‘na kho, kassapa, natthi dukkhaṃ. atthi kho, kassapa, dukkhan’’ti.

— Ce n'est pas le cas, Kassapa, que l'insatisfaction n'existe pas. L'insatisfaction existe bel et bien.

‘tena hi bhavaṃ gotamo dukkhaṃ na jānāti, na passatī’’ti.

— Alors est-ce que c'est parce que le Sieur Gotama ne connaît pas et ne voit pas l'insatisfaction?

‘na khvāhaṃ, kassapa, dukkhaṃ na jānāmi, na passāmi. jānāmi khvāhaṃ, kassapa, dukkhaṃ; passāmi khvāhaṃ, kassapa, dukkhan’””ti.

— Ce n'est pas le cas, Kassapa, que je ne connais pas et ne vois pas l'insatisfaction. Je connais bel et bien l'insatisfaction, et je vois bel et bien l'insatisfaction.

“ki nu kho, bho gotama, ‘sayaṃkataṃ dukkhan’’ti iti puṭṭho samāno ‘mā hevaṃ, kassapā’’ti vadesi. ‘kiṃ pana, bho gotama, paraṃkataṃ dukkhan’’ti iti puṭṭho samāno ‘mā hevaṃ, kassapā’’ti vadesi. ‘kiṃ nu kho, bho gotama, sayaṃkatañca paraṃkatañca dukkhan’’ti iti puṭṭho samāno ‘mā hevaṃ, kassapā’’ti vadesi. ‘kiṃ pana, bho gotama, asayaṃkāraṃ aparaṃkāraṃ adhiccasamuppannaṃ dukkhan’’ti iti puṭṭho samāno ‘mā hevaṃ, kassapā’’ti vadesi. ‘kiṃ nu kho, bho gotama, natthi dukkhan’’ti iti puṭṭho samāno ‘na kho, kassapa, natthi dukkhaṃ, atthi kho, kassapa, dukkhan’’ti vadesi. ‘tena hi bhavaṃ gotamo dukkhaṃ na jānāti na passatī’’ti iti puṭṭho samāno ‘na khvāhaṃ, kassapa, dukkhaṃ na jānāmi na passāmi. jānāmi khvāhaṃ, kassapa, dukkhaṃ; passāmi khvāhaṃ, kassapa, dukkhan’’ti vadesi. ācikkhatu ca me, bhante, bhagavā dukkhaṃ. desetu ca me, bhante, bhagavā dukkhan””ti.

— Sieur Gotama, lorsqu'on vous demande si l'insatisfaction est produite par soi-même, vous répondez que non; lorsqu'on vous demande si l'insatisfaction est produite par un autre, vous répondez que non; lorsqu'on vous demande si l'insatisfaction est produite soi-même et par un autre, vous répondez que non; lorsqu'on vous demande si l'insatisfaction n'est produite ni par soi-même ni par un autre, vous répondez que non; lorsqu'on vous demande si l'insatisfaction n'existe pas, vous répondez que ce n'est pas le cas que l'insatisfaction n'existe pas, qu'elle existe bel et bien; lorsqu'on vous demande si le Sieur Gotama ne connaît pas et ne voit pas l'insatisfaction, vous répondez que ce n'est pas le cas que vous ne connaissez pas et ne voyez pas l'insatisfaction, que vous connaissez bel et bien l'insatisfaction, et que vous voyez bel et bien l'insatisfaction. Bhanté, que le Fortuné m'explique l'insatisfaction, que le Fortuné m'expose l'insatisfaction.

“‘so karoti so paṭisaṃvedayatī’’ti kho, kassapa, ādito sato ‘sayaṃkataṃ dukkhan’’ti iti vadaṃ sassataṃ etaṃ pareti. ‘añño karoti añño paṭisaṃvedayatī’’ti kho, kassapa, vedanābhitunnassa sato ‘paraṃkataṃ dukkhan’’ti iti vadaṃ ucchedaṃ etaṃ pareti.

— Kassapa, [si on pense que] celui qui agit est le même que celui qui ressent [les conséquences de l'action], alors considérant qu'on existe depuis le début, [on pense que] l'insatisfaction est produite par soi-même, et cela s'apparente à l'éternalisme. [Si on pense que] celui qui agit est différent de celui qui ressent [les conséquences de l'action], alors par rapport à celui qui est frappé par le ressenti, [on pense que] l'insatisfaction est produite par un autre, et cela s'apparente à l'annihilationnisme.

ete te, kassapa, ubho ante anupagamma majjhena tathāgato dhammaṃ deseti — ‘avijjāpaccayā saṅkhārā; saṅkhārapaccayā viññāṇaṃ … pe … evametassa kevalassa dukkhakkhandhassa samudayo hoti.

Evitant ces deux extrêmes, Kassapa, le Tathagata enseigne le Dhamma par le milieu: l'ignorance est la condition [de l'apparition] des constructions; les constructions sont la condition [de l'apparition] de la conscience; la conscience est la condition [de l'apparition] du Nom-et-Forme; le Nom-et-Forme est la condition [de l'apparition] des organes des sens; les organes des sens sont la condition [de l'apparition] du contact; le contact est la condition [de l'apparition] du ressenti; le ressenti est la condition [de l'apparition] de la Soif; la Soif est la condition [de l'apparition] de l'attachement; l'attachement est la condition [de l'apparition] de l'existence; l'existence est la condition [de l'apparition] de la naissance; la naissance est la condition [de l'apparition] du vieillissement et de la mort, du chagrin, des lamentations, des douleurs, des déplaisances mentales et de la détresse. Telle est l'apparition de toute cette accumulation de mal-être.

avijjāya tveva asesavirāganirodhā saṅkhāranirodho; saṅkhāranirodhā viññāṇanirodho … pe … evametassa kevalassa dukkhakkhandhassa nirodho hotī’””ti.

La disparition complète & cessation de l'ignorance amène la cessation des constructions; la cessation des constructions amène la cessation de la conscience; la cessation de la conscience amène la cessation du Nom-et-Forme; la cessation du Nom-et-Forme amène la cessation des organes des sens; la cessation des organes des sens amène la cessation du contact; la cessation du contact amène la cessation du ressenti; la cessation du ressenti amène la cessation de la Soif; la cessation de la Soif amène la cessation de l'attachement; la cessation de l'attachement amène la cessation de l'existence; la cessation de l'existence amène la cessation de la naissance; la cessation de la naissance amène la cessation du vieillissement et de la mort, du chagrin, des lamentations, des douleurs, des déplaisances mentales et de la détresse. Telle est la cessation de toute cette accumulation de mal-être

evaṃ vutte, acelo kassapo bhagavantaṃ etadavoca —

Lorsque cela fut dit, Atchéla Kassapa dit au Fortuné:

“abhikkantaṃ, bhante, abhikkantaṃ, bhante! seyyathāpi, bhante, nikkujjitaṃ vā ukkujjeyya … pe … cakkhumanto rūpāni dakkhantīti; evamevaṃ bhagavatā anekapariyāyena dhammo pakāsito. esāhaṃ, bhante, bhagavantaṃ saraṇaṃ gacchāmi dhammañca bhikkhusaṅghañca. labheyyāhaṃ, bhante, bhagavato santike pabbajjaṃ, labheyyaṃ upasampadan””ti.

«C'est excellent, Bhanté, excellent! Tout comme on redresserait ce qui était renversé, ou bien on révélerait ce qui était caché, ou on montrerait le chemin à quelqu'un qui se serait perdu, ou on allumerait une lampe dans l'obscurité [en pensant:] “Ceux qui possèdent une bonne vue verront les formes”, de la même manière le Fortuné a expliqué le Dhamma de diverses façons. Bhanté, nous allons en refuge au Fortuné, ainsi qu'au Dhamma et à la Communauté des mendiants. Bhanté, puissé-je obtenir le départ du foyer en la présence du Fortuné, puissé-je obtenir l'ordination monastique.

“yo kho, kassapa, aññatitthiyapubbo imasmiṃ dhammavinaye ākaṅkhati pabbajjaṃ, ākaṅkhati upasampadaṃ, so cattāro māse parivasati. catunnaṃ māsānaṃ accayena (parivutthaparivāsaṃ) āraddhacittā bhikkhū pabbājenti upasampādenti bhikkhubhāvāya. api ca mayā puggalavemattatā viditā””ti.

— Kassapa, ceux qui étaient auparavant hétérodoxes et qui souhaitent le départ du foyer dans cet Enseignement & Discipline, qui souhaitent l'ordination complète, doivent rester en probation pendant quatre mois, et au bout de quatre mois, si les mendiants sont satisfaits, ils confèrent le départ du foyer, ils confèrent l'ordination complète pour devenir mendiant. Mais par rapport à cela, je sais reconnaître les différences entre les individus.

“sace, bhante, aññatitthiyapubbo imasmiṃ dhammavinaye ākaṅkhati pabbajjaṃ, ākaṅkhati upasampadaṃ, cattāro māse parivasati. catunnaṃ māsānaṃ accayena (parivutthaparivāsaṃ) āraddhacittā bhikkhū pabbājenti upasampādenti bhikkhubhāvāya. ahaṃ cattāri vassāni parivasissāmi, catunnaṃ vassānaṃ accayena (parivutthaparivāsaṃ) āraddhacittā bhikkhū pabbājentu upasampādentu bhikkhubhāvāyā””ti.

Bhanté, si ceux qui étaient auparavant hétérodoxes et qui souhaitent le départ du foyer dans cet Enseignement & Discipline, qui souhaitent l'ordination complète, doivent rester en probation pendant quatre mois, et qu'au bout de quatre mois, si les mendiants sont satisfaits, ils confèrent le départ du foyer, ils confèrent l'ordination complète pour devenir mendiant, alors je resterai en probation pendant quatre ans, et au bout de quatre ans, si les mendiants sont satisfaits, ils me donneront le départ du foyer, ils me donneront l'ordination complète pour devenir mendiant

alattha kho acelo kassapo bhagavato santike pabbajjaṃ, alattha upasampadaṃ. acirūpasampanno ca panāyasmā kassapo eko vūpakaṭṭho appamatto ātāpī pahitatto viharanto nacirasseva — yassatthāya kulaputtā sammadeva agārasmā anagāriyaṃ pabbajanti tadanuttaraṃ — brahmacariyapariyosānaṃ diṭṭheva dhamme sayaṃ abhiññā sacchikatvā upasampajja vihāsi. “khīṇā jāti vusitaṃ brahmacariyaṃ, kataṃ karaṇīyaṃ, nāparaṃ itthattāyā””ti abbhaññāsi. aññataro ca panāyasmā kassapo arahataṃ ahosīti.

Alors Atchéla Kassapa obtint le Départ du foyer auprès du Fortuné, il obtint l'ordination complète. Et peu de temps après son ordination, le vénérable Kassapa, demeurant seul, isolé, assidu, ardent et voué à l'effort, en peu de temps, entra et demeura dans ce monde visible, en l'ayant réalisé pour lui-même par connaissance directe, dans le suprême achèvement de la vie brahmique pour lequel les gentilhommes quittent à juste titre la vie de foyer pour le sans-foyer. Il réalisa: “C'en est fini de la naissance, la vie brahmique a été menée à son but, ce qui devait être fait a été fait, il n'y aura plus aucune autre existence.” Alors le vénérable Kassapa devint l'un des Méritants.





Bodhi leaf


Traduction proposée par Sekha.

———oOo———
Publié comme un don du Dhamma,
pour être distribué librement, à des fins non lucratives.
---

Le traducteur n'est pas un expert en Pali, et afin d'éviter toute erreur se réfère à des traductions déjà existantes; il espère néanmoins que les erreurs qui peuvent se glisser dans la traduction ne sont que minimes.


Creative Commons License
Ce travail est sous une License Internationale Creative Commons 4.0
avec Attribution, Usage non-commercial et Partage sous mêmes conditions
.