Māra cherche à déstabiliser la mendiante Kisāgotamī en suggérant qu'elle serait encore à la recherche d'un homme.
Un jour, le Fortuné séjournait près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anāthapiṇḍika. Ce matin-là, la mendiante Kisāgotamī s'habilla et, prenant son bol et sa cape, elle entra dans Savatthi pour les aumônes [de nourriture]. Lorsqu'elle eut traversé Savatthi pour ses aumônes et qu'elle fut rentrée de sa collecte, après son repas, elle se rendit au bois des hommes aveugles, pour sa pratique de la journée. S'étant enfoncée dans le bois des hommes aveugles, elle s'assit au pied d'un arbre pour sa pratique de la journée.
Alors, souhaitant susciter la peur, l'horripilation et la terreur chez la mendiante Kisāgotamī, souhaitant lui faire abandonner son isolement, Māra le Malin l'approcha et lui adressa ces vers:
Pourquoi, maintenant que ton fils est mort,
T'assieds-tu seule, le visage en larmes?
Étant entrée dans les bois toute seule,
Serais-tu à la recherche d'un homme?
Alors la pensée suivante vint à la mendiante Kisāgotamī: 'Qui est-ce donc qui a prononcé ces vers: un être humain ou un être non-humain?' Puis la pensée suivante lui vint: 'C'est Māra le Malin qui a prononcé ces vers, souhaitant susciter la peur, l'horripilation et la terreur en moi, souhaitant me faire abandonner mon isolement.' Alors la mendiante Kisāgotamī, ayant compris: 'C'est Māra le Malin', lui répondit en vers:
J'ai dépassé la mort de mes fils,
Et avec cela, ma recherche des hommes pris fin.
Je ne me lamente pas, je ne pleure pas,
Et je ne te crains pas, mon ami.
La jubilation en toutes choses a été détruite.
La masse d'obscurité a été démolie.
Ayant vaincu l'armée de la Mort,
Je demeure libérée des impuretés mentales.
Alors Māra le Malin réalisa: 'La mendiante Kisāgotamī me connaît'. Triste et déçu, il disparut instantanément.