Māra tente de désarçonner la mendiante Vajirā avec des questions métaphysiques.
Un jour, le Fortuné séjournait près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anāthapiṇḍika. Ce matin-là, la mendiante Vajirā s'habilla et, prenant son bol et sa cape, elle entra dans Savatthi pour les aumônes [de nourriture]. Lorsqu'elle eut traversé Savatthi pour ses aumônes et qu'elle fut rentrée de sa collecte, après son repas, elle se rendit au bois des hommes aveugles, pour sa pratique de la journée. S'étant enfoncée dans le bois des hommes aveugles, elle s'assit au pied d'un arbre pour sa pratique de la journée.
Alors, souhaitant susciter la peur, l'horripilation et la terreur chez la mendiante Vajirā, souhaitant lui faire abandonner son isolement, Māra le Malin l'approcha et lui adressa ces vers:
Par qui cet être a-t-il été créé?
Où est le confectionneur de l'être?
Où est-ce que l'être est apparu?
Où est-ce que l'être cesse [d'exister]?
Alors la pensée suivante vint à la mendiante Vajirā: 'Qui est-ce donc qui a prononcé ces vers: un être humain ou un être non-humain?' Puis la pensée suivante lui vint: 'C'est Māra le Malin qui a prononcé ces vers, souhaitant susciter la peur, l'horripilation et la terreur en moi, souhaitant me faire abandonner mon isolement.' Alors la mendiante Vajirā, ayant compris: 'C'est Māra le Malin', lui répondit en vers:
Tu supposes [l'existence d']un être?
Māra, aurais-tu adopté une opinion?
C'est un simple tas de fabrications
Aucun être ne se trouve ici.
Comme pour un assemblage de parties
Qui est désigné par le mot 'char',
Lorsque les agrégats sont présents,
On parle d'un 'être' par convention.
Rien d'autre que le mal-être n'apparaît,
C'est le mal-être qui persiste et s'éteint.
Rien d'autre que le mal-être apparaît.
Rien d'autre que le mal-être ne cesse.
Alors Māra le Malin réalisa: 'La mendiante Vajirā me connaît'. Triste et déçu, il disparut instantanément.