— L'allégorie du kimsouka — [ kiṃsuka: qu'est-ce que c'est? | upama: allégorie, parabole ] Voici comment diverses personnes sont amenées à décrire le même niveau de réalisation dans le Dhamma de manière différente, suivi de l'allégorie du duo de prompts messagers. |
Pāḷiatha kho aññataro bhikkhu yenaññataro bhikkhu tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā taṃ bhikkhuṃ etadavoca: |
FrançaisUn jour, un certain mendiant alla voir un autre mendiant, et s'étant approché lui demanda: |
“kittāvatā nu kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti? | — De quelle manière, ami, la vision d'un mendiant est-elle bien purifiée? |
“yato kho, āvuso, bhikkhu channaṃ phassāyatanānaṃ samudayañca atthaṅgamañca yathābhūtaṃ pajānāti, ettāvatā kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti. | — Ami, lorsqu'un mendiant discerne telles qu'elles sont réellement l'apparition et l'la disparition des six sphères de contact, c'est de cette manière-là que la vision d'un mendiant est bien purifiée. |
atha kho so bhikkhu asantuṭṭho tassa bhikkhussa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro bhikkhu tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā taṃ bhikkhuṃ etadavoca: | Alors ce mendiant, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre mendiant à sa question, alla voir un autre mendiant et lui dit: |
“kittāvatā nu kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti? | — De quelle manière, ami, la vision d'un mendiant est-elle bien purifiée? |
“yato kho, āvuso, bhikkhu pañcannaṃ upādānakkhandhānaṃ samudayañca atthaṅgamañca yathābhūtaṃ pajānāti, ettāvatā kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti. | — Ami, lorsqu'un mendiant discerne telles qu'elles sont réellement l'apparition et la disparition des cinq accumulations d'attachement, c'est de cette manière-là que la vision d'un mendiant est bien purifiée. |
atha kho so bhikkhu asantuṭṭho tassa bhikkhussa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro bhikkhu tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā taṃ bhikkhuṃ etadavoca: | Alors ce mendiant, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre mendiant à sa question, alla voir un autre mendiant et lui dit: |
“kittāvatā nu kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti? | — De quelle manière, ami, la vision d'un mendiant est-elle bien purifiée? |
“yato kho, āvuso, bhikkhu catunnaṃ mahābhūtānaṃ samudayañca atthaṅgamañca yathābhūtaṃ pajānāti, ettāvatā kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti. | — Ami, lorsqu'un mendiant discerne telles qu'elles sont réellement l'apparition et la disparition des quatre grands éléments,{1} c'est de cette manière-là que la vision d'un mendiant est bien purifiée. |
atha kho so bhikkhu asantuṭṭho tassa bhikkhussa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro bhikkhu tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā taṃ bhikkhuṃ etadavoca: | Alors ce mendiant, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre mendiant à sa question, alla voir un autre mendiant et lui dit: |
“kittāvatā nu kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti? | — De quelle manière, ami, la vision d'un mendiant est-elle bien purifiée? |
“yato kho, āvuso, bhikkhu yaṃ kiñci samudayadhammaṃ, sabbaṃ taṃ nirodhadhammanti yathābhūtaṃ pajānāti, ettāvatā, kho, āvuso, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti. | — Ami, lorsqu'un mendiant discerne tel que c'est réellement que tout ce qui est par nature sujet à l'apparition est aussi par nature sujet à la cessation, c'est de cette manière-là que la vision d'un mendiant est bien purifiée. |
atha kho so bhikkhu asantuṭṭho tassa bhikkhussa pañhaveyyākaraṇena, yena bhagavā tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā bhagavantaṃ etadavoca: | Alors ce mendiant, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre mendiant à sa question, alla voir le Fortuné et lui dit: |
[...] kittāvatā nu kho, bhante, bhikkhuno dassanaṃ suvisuddhaṃ hotī”ti? | — [Le mendiant répète tout ce qui précède...] De quelle manière, Bhanté, la vision d'un mendiant est-elle bien purifiée? |
“seyyathāpi, bhikkhu, purisassa kiṃsuko adiṭṭhapubbo assa. so yenaññataro puriso kiṃsukassa dassāvī tenupasaṅkameyya. upasaṅkamitvā taṃ purisaṃ evaṃ vadeyya: ‘kīdiso, bho purisa, kiṃsuko’ti? so evaṃ vadeyya: ‘kāḷako kho, ambho purisa, kiṃsuko, seyyathāpi jhāmakhāṇū’ti. tena kho pana, bhikkhu, samayena tādisovassa kiṃsuko yathā tassa purisassa dassanaṃ. | Imagine, mendiants, qu'un homme n'ait jamais vu un [arbre] kimsouka.{2} Il irait voir quelqu'un qui aurait déjà vu un [arbre] kimsouka et lui demanderait: “Monsieur, à quoi ressemble un [arbre] kimsouka?” L'autre lui répondrait: “Un [arbre] kimsouka est noir, monsieur, comme une souche brûlée.” Et ce serait bien ainsi que l'[arbre] aurait été au moment où cet homme-là l'aurait vu. |
atha kho, so bhikkhu, puriso asantuṭṭho tassa purisassa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro puriso kiṃsukassa dassāvī tenupasaṅkameyya; upasaṅkamitvā taṃ purisaṃ evaṃ vadeyya: ‘kīdiso, bho purisa, kiṃsuko’ti? so evaṃ vadeyya: ‘lohitako kho, ambho purisa, kiṃsuko, seyyathāpi maṃsapesī’ti. tena kho pana, bhikkhu, samayena tādisovassa kiṃsuko yathāpi tassa purisassa dassanaṃ. | Alors cet homme, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre homme à sa question, irait voir quelqu'un d'autre qui aurait aussi déjà vu un [arbre] kimsouka, et lui demanderait: “Monsieur, à quoi ressemble un [arbre] kimsouka?” L'autre lui répondrait: “Un [arbre] kimsouka est rouge, monsieur, comme un bout chair.” Et ce serait bien ainsi que l'[arbre] aurait été au moment où cet homme-là l'aurait vu. |
atha kho so bhikkhu puriso asantuṭṭho tassa purisassa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro puriso kiṃsukassa dassāvī tenupasaṅkameyya; upasaṅkamitvā taṃ purisaṃ evaṃ vadeyya: ‘kīdiso, bho purisa, kiṃsuko’ti? so evaṃ vadeyya: ‘ocīrakajāto kho, ambho purisa, kiṃsuko ādinnasipāṭiko, seyyathāpi sirīso’ti. tena kho pana, bhikkhu, samayena tādisovassa kiṃsuko, yathāpi tassa purisassa dassanaṃ. | Alors cet homme, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre homme à sa question, irait voir quelqu'un d'autre qui aurait aussi déjà vu un [arbre] kimsouka, et lui demanderait: “Monsieur, à quoi ressemble un [arbre] kimsouka?” L'autre lui répondrait: “Un [arbre] kimsouka est sans écroce, monsieur, avec des cosses éclatées, comme un acacia.” Et ce serait bien ainsi que l'[arbre] aurait été au moment où cet homme-là l'aurait vu. |
atha kho so bhikkhu puriso asantuṭṭho tassa purisassa pañhaveyyākaraṇena, yenaññataro puriso kiṃsukassa dassāvī tenupasaṅkameyya; upasaṅkamitvā taṃ purisaṃ evaṃ vadeyya: ‘kīdiso, bho purisa, kiṃsuko’ti? so evaṃ vadeyya: ‘bahalapattapalāso sandacchāyo kho, ambho purisa, kiṃsuko, seyyathāpi nigrodho’ti. tena kho pana, bhikkhu, samayena tādisovassa kiṃsuko, yathāpi tassa purisassa dassanaṃ. | Alors cet homme, n'étant pas satisfait de la réponse de l'autre homme à sa question, irait voir quelqu'un d'autre qui aurait aussi déjà vu un [arbre] kimsouka, et lui demanderait: “Monsieur, à quoi ressemble un [arbre] kimsouka?” L'autre lui répondrait: “Un [arbre] kimsouka a un feuillage dense et donne une ombre épaisse, monsieur, comme un banian.” Et ce serait bien ainsi que l'[arbre] aurait été au moment où cet homme-là l'aurait vu. |
evameva kho, bhikkhu, yathā yathā adhimuttānaṃ tesaṃ sappurisānaṃ dassanaṃ suvisuddhaṃ hoti, tathā tathā kho tehi sappurisehi byākataṃ. | De la même manière, mendiant, ces hommes de bien ont chacun répondu en fonction de ce à quoi ils étaient inclinés au moment où leur vision est devenue bien purifiée. |
“seyyathāpi, bhikkhu, rañño paccantimaṃ nagaraṃ daḷhuddhāpaṃ daḷhapākāratoraṇaṃ chadvāraṃ. tatrassa dovāriko paṇḍito byatto medhāvī, aññātānaṃ nivāretā, ñātānaṃ pavesetā. puratthimāya disāya āgantvā sīghaṃ dūtayugaṃ taṃ dovārikaṃ evaṃ vadeyya: ‘kahaṃ, bho purisa, imassa nagarassa nagarassāmī’ti? so evaṃ vadeyya: ‘eso, bhante, majjhe siṅghāṭake nisinno’ti. atha kho taṃ sīghaṃ dūtayugaṃ nagarassāmikassa yathābhūtaṃ vacanaṃ niyyātetvā yathāgatamaggaṃ paṭipajjeyya. | Imagine, mendiant, qu'il y ait une forteresse royale de frontière ayant de solides fondations, de solides remparts et arches, et six portails. Le gardien du portail serait sage, compétent et intelligent, il refoulerait les inconnus et laisserait entrer ceux qui sont connus. Un duo de prompts messagers venant de l'est dirait au gardien: “Monsieur, où se trouve le commandant de cette forteresse?”. Celui-ci répondrait: “C'est celui, Bhanté, qui est assis dans la place centrale.” Alors ce duo de prompts messagers, ayant délivré leur message factuel, prendrait le chemin par lequel il était arrivé. |
pacchimāya disāya āgantvā sīghaṃ dūtayugaṃ taṃ dovārikaṃ evaṃ vadeyya: ‘kahaṃ, bho purisa, imassa nagarassa nagarassāmī’ti? so evaṃ vadeyya: ‘eso, bhante, majjhe siṅghāṭake nisinno’ti. atha kho taṃ sīghaṃ dūtayugaṃ nagarassāmikassa yathābhūtaṃ vacanaṃ niyyātetvā yathāgatamaggaṃ paṭipajjeyya. | Un duo de prompts messagers venant de l'ouest dirait au gardien: “Monsieur, où se trouve le commandant de cette forteresse?”. Celui-ci répondrait: “C'est celui, Bhanté, qui est assis dans la place centrale.” Alors ce duo de prompts messagers, ayant délivré leur message factuel, prendrait le chemin par lequel il était arrivé. |
uttarāya disāya taṃ dovārikaṃ evaṃ vadeyya: ‘kahaṃ, bho purisa, imassa nagarassa nagarassāmī’ti? so evaṃ vadeyya: ‘eso, bhante, majjhe siṅghāṭake nisinno’ti. atha kho taṃ sīghaṃ dūtayugaṃ nagarassāmikassa yathābhūtaṃ vacanaṃ niyyātetvā yathāgatamaggaṃ paṭipajjeyya. | Un duo de prompts messagers venant du nord dirait au gardien: “Monsieur, où se trouve le commandant de cette forteresse?”. Celui-ci répondrait: “C'est celui, Bhanté, qui est assis dans la place centrale.” Alors ce duo de prompts messagers, ayant délivré leur message factuel, prendrait le chemin par lequel il était arrivé. |
dakkhiṇāya disāya āgantvā sīghaṃ dūtayugaṃ taṃ dovārikaṃ evaṃ vadeyya: ‘kahaṃ, bho purisa, imassa nagarassāmī’ti? so evaṃ vadeyya: ‘eso, bhante, majjhe siṅghāṭake nisinno’ti. atha kho taṃ sīghaṃ dūtayugaṃ nagarassāmikassa yathābhūtaṃ vacanaṃ niyyātetvā yathāgatamaggaṃ paṭipajjeyya. | Un duo de prompts messagers venant du sud dirait au gardien: “Monsieur, où se trouve le commandant de cette forteresse?”. Celui-ci répondrait: “C'est celui, Bhanté, qui est assis dans la place centrale.” Alors ce duo de prompts messagers, ayant délivré leur message factuel, prendrait le chemin par lequel il était arrivé. |
“upamā kho myāyaṃ, bhikkhu, katā atthassa viññāpanāya. ayañcettha attho: ‘nagaran’ti kho, bhikkhu, imassetaṃ cātumahābhūtikassa kāyassa adhivacanaṃ mātā-pettika-sambhavassa odana-kummās-ūpacayassa anicc-ucchādana-parimaddana-bhedana-viddhaṃsana-dhammassa. ‘cha dvārā’ti kho, bhikkhu, channetaṃ ajjhattikānaṃ āyatanānaṃ adhivacanaṃ. ‘dovāriko’ti kho, bhikkhu, satiyā etaṃ adhivacanaṃ. ‘sīghaṃ dūtayugan’ti kho, bhikkhu, samathavipassanānetaṃ adhivacanaṃ. ‘nagarassāmī’ti kho, bhikkhu, viññāṇassetaṃ adhivacanaṃ. ‘majjhe siṅghāṭako’ti kho, bhikkhu, catunnetaṃ mahābhūtānaṃ adhivacanaṃ: pathavīdhātuyā, āpodhātuyā, tejodhātuyā, vāyodhātuyā. ‘yathābhūtaṃ vacanan’ti kho, bhikkhu, nibbānassetaṃ adhivacanaṃ. ‘yathāgatamaggo’ti kho, bhikkhu, ariyassetaṃ aṭṭhaṅgikassa maggassa adhivacanaṃ, seyyathidaṃ: sammādiṭṭhiyā sammāsaṅkappassa sammāvācāya sammākammantassa sammāājīvassa sammāvāyāmassa sammāsatiyā sammāsamādhissā”ti. | J'ai eu recours à cette allégorie, mendiant, afin de te faire discerner son sens. Voici quel est son sens: la forteresse, c'est une image pour ce corps composé des quatre grands éléments, né d'une mère et d'un père, sustenté par du riz et du gruau, sujet à l'impermanence, aux frottements, à l'abrasion, à la dissolution et à la désintégration. Les six portails sont une image pour les six sphères des sens internes. Le gardien est une image pour la présence d'esprit. Le duo de prompts messagers est une image pour le Calme et la Vision Discernante. Le commandant de la forteresse est une image pour pour la Conscience. La place centrale est une image pour ces quatre grands éléments: l'élément terre, l'élément eau, l'élément feu et l'élément air. Le message factuel est une image pour l'Extinction. Le chemin par lequel il est arrivé est une image pour cette noble voie à huit composantes, c'est-à-dire: vue correcte, pensée correcte, parole correcte, action correcte, moyens de subsistance corrects, effort correct, présence d'esprit correcte et concentration correcte. |
Notes1. quatre grands éléments: terre, eau, feu et air. 2. [arbre] kimsouka: kiṃsuka signifie littéralement “qu'est-ce que c'est?”. Il s'agirait de Butea Frondosa, plus connu sous le nom de Butea monosperma. ———oOo——— Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives. --- Le traducteur n'est pas un expert en Pali, et afin d'éviter toute erreur se réfère à des traductions déjà existantes; il espère néanmoins que les erreurs qui peuvent se glisser dans la traduction ne sont que minimes. Ce travail est sous une License Internationale Creative Commons 4.0 avec Attribution, Usage non-commercial et Partage sous mêmes conditions. |