MN 13
Mahā Dukkhakkhandha Sutta
— Le long discours sur l'accumulation de mal-être —
[ mahā: grand, long | dukkha: mal-être, souffrance | khandha: accumulation ]

Des vagabonds spirituels hétérodoxes demandent à un groupe de mendiants quelle est la différence entre l'enseignement de leur maître en ce qui concerne la compréhension complète de la sensualité, de la matérialité et des ressentis, et celui du Bouddha. Ne sachant que répondre, les mendiants vont lui demander conseil, et ce dernier leur fait un exposé à la fois technique et pittoresque sur le sujet, à grand renfort de métaphores. Un incontournable du Majjhima Nikāya.



Pāḷi



Evaṃ me sutaṃ:

Français



Ainsi ai-je entendu:

Ekaṃ samayaṃ bhagavā sāvatthiyaṃ viharati jetavane anāthapiṇḍikassa ārāme. Atha kho sambahulā bhikkhū pubbaṇha·samayaṃ nivāsetvā patta·cīvara·mādāya sāvatthiṃ piṇḍāya pāvisiṃsu. Atha kho tesaṃ bhikkhūnaṃ etadahosi: ‘atippago kho tāva sāvatthiyaṃ piṇḍāya carituṃ, yaṃ nūna mayaṃ yena añña·titthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo ten·upasaṅkameyyāmā’ ti.

Un jour, le Fortuné séjournait près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anāthapiṇḍika. Ce matin-là, un certain nombre de mendiants, s'étant habillés, emportèrent leur bol et leurs robes, et se rendirent à Savatthi pour les aumônes. Mais ils se dirent: “Il est trop tôt pour parcourir Savatthi en quête d'aumônes. Et si nous nous rendions au parc{1} des vagabonds spirituels hétérodoxes?”

Atha kho te bhikkhū yena añña·titthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo ten·upasaṅkamiṃsu; upasaṅkamitvā tehi añña·titthiyehi paribbājakehi saddhiṃ sammodiṃsu; sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekam·antaṃ nisīdiṃsu. Ekam·antaṃ nisinne kho te bhikkhū te añña·titthiyā paribbājakā etad·avocuṃ:

Alors ces mendiants se rendirent au parc des vagabonds spirituels hétérodoxes et échangèrent des courtoisies avec eux. Après cet échange de courtoisies et de salutations amicales, ils s'assirent d'un côté. Tandis qu'ils étaient assis là, les vagabonds spirituels hétérodoxes leur dirent:

Samaṇo, āvuso, gotamo kāmānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi kāmānaṃ pariññaṃ paññapema; samaṇo, āvuso, gotamo rūpānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi rūpānaṃ pariññaṃ paññapema; samaṇo, āvuso, gotamo vedanānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi vedanānaṃ pariññaṃ paññapema; idha no, āvuso, ko viseso, ko adhippayāso, kiṃ nānā·karaṇaṃ samaṇassa vā gotamassa amhākaṃ vā yadidaṃ dhamma·desanāya vā dhamma·desanaṃ, anusāsaniyā vā anusāsani nti?

— Amis, le renonçant Gotama met en évidence la compréhension complète de la sensualité; nous aussi, nous mettons en évidence la compréhension complète de la sensualité. Le renonçant Gotama met en évidence la compréhension complète de la matérialité; nous aussi, nous mettons en évidence la compréhension complète de la matérialité. Le renonçant Gotama met en évidence la compréhension complète du ressenti; nous aussi, nous mettons en évidence la compréhension complète du ressenti. Quelle est la différence, quelle est la distinction, qu'est-ce qui fait la différence entre son enseignement du Dhamma et notre enseignement du Dhamma, entre ses instructions et nos instructions?

Atha kho te bhikkhū tesaṃ añña·titthiyānaṃ paribbājakānaṃ bhāsitaṃ neva abhinandiṃsu, nappaṭikkosiṃsu; anabhinanditvā appaṭikkositvā uṭṭhāyāsanā pakkamiṃsu: ‘bhagavato santike etassa bhāsitassa atthaṃ ājānissāmā’ ti.

Alors ces mendiants n'approuvèrent ni ne rejetèrent cette déclaration faite par ces vagabonds spirituels hétérodoxes. Ils se levèrent de leurs sièges et s'en allèrent [en se disant:] “Nous comprendrons la signification de cette parole auprès du Fortuné.”

Atha kho te bhikkhū sāvatthiyaṃ piṇḍāya caritvā pacchābhattaṃ piṇḍapāta·paṭikkantā yena bhagavā ten·upasaṅkamiṃsu; upasaṅkamitvā bhagavantaṃ abhivādetvā ekam·antaṃ nisīdiṃsu. Ekam·antaṃ nisinnā kho te bhikkhū bhagavantaṃ etad·avocuṃ...

Alors ces mendiants, après avoir parcouru Savatthi pour leurs aumônes, après leur repas, de retour de leur quête de nourriture d'aumônes, vinrent voir le Fortuné, lui rendirent hommage puis s'assirent d'un côté. Une fois assis là, ils [racontèrent] au Fortuné [ce qui s'était passé]...

Evaṃvādino, bhikkhave, añña·titthiyā paribbājakā evamassu vacanīyā: ‘ko panāvuso, kāmānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇaṃ? Ko rūpānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇaṃ? Ko vedanānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇa’nti? Evaṃ puṭṭhā, bhikkhave, añña·titthiyā paribbājakā na ceva sampāyissanti, uttariñca vighātaṃ āpajjissanti. Taṃ kissa hetu? Yathā taṃ, bhikkhave, avisayasmiṃ. Nāhaṃ taṃ, bhikkhave, passāmi sa·devake loke sa·mārake sa·brahmake sa·s·samaṇa·brāhmaṇiyā pajāya sa·deva·manussāya yo imesaṃ pañhānaṃ veyyākaraṇena cittaṃ ārādheyya, aññatra tathāgatena vā tathāgata·sāvakena vā, ito vā pana sutvā.

Mendiants, si les vagabonds spirituels hétérodoxes disent cela, il faudrait leur répondre ainsi: “Mais, amis, quels sont les agréments de la sensualité, quels sont ses désavantages et qu'est-ce que l'émancipation par rapport à elle? Quels sont les agréments de la matérialité, quels sont ses désavantages et qu'est-ce que l'émancipation par rapport à elle? Quels sont les agréments du ressenti, quels sont ses désavantages et qu'est-ce que l'émancipation par rapport à lui?” Si vous leur demandez cela, mendiants, les vagabonds spirituels hétérodoxes ne seront pas capables de l'expliquer, et en plus ils seront embarrassés au plus haut point. Et quelle en est la raison? Parce que, mendiants, c'est hors de leur portée. Je ne vois personne, dans ce monde avec ses dévas, Maras, Brahmas, avec ses renonçants & brahmanes, dans cette population avec ses dévas et humains qui puisse satisfaire l'esprit avec une réponse à cette question, si ce n'est le Tathagata, un disciple du Tathagata ou bien quelqu'un qui l'aurait appris d'eux.

(Kāma)

Ko ca, bhikkhave, kāmānaṃ assādo? Pañcime, bhikkhave, kāma·guṇā. Katame pañca? Cakkhu·viññeyyā rūpā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām·ūpasaṃhitā rajanīyā. Sota·viññeyyā saddā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām·ūpasaṃhitā rajanīyā. Ghāna·viññeyyā gandhā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām·ūpasaṃhitā rajanīyā. Jivhā·viññeyyā rasā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām·ūpasaṃhitā rajanīyā. Kāya·viññeyyā phoṭṭhabbā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām·ūpasaṃhitā rajanīyā. Ime kho, bhikkhave, pañca kāma·guṇā. Yaṃ kho, bhikkhave, ime pañca kāma·guṇe paṭicca uppajjati sukhaṃ somanassaṃ, ayaṃ kāmānaṃ assādo.

(La sensualité)

Et quels sont, mendiants, les agréments de la sensualité? Ce sont, mendiants, ces cinq cordes de la sensualité. Et quelles sont ces cinq? Les formes connaissables par l'œil qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, liées à la sensualité, et qui suscitent l'avidité. Les sons connaissables par l'oreille qui sont souhaitables, attrayants, plaisants, agréables, liés à la sensualité, et qui suscitent l'avidité. Les odeurs connaissables par le nez qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, liées à la sensualité, et qui suscitent l'avidité. Les saveurs connaissables par la langue qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, liées à la sensualité, et qui suscitent l'avidité. Les sensations corporelles connaissables par le corps qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, liées à la sensualité, et qui suscitent l'avidité. Le bien-être et la plaisance mentale qui apparaissent sur la base de ces cinq cordes de la sensualité, voici quel est l'agrément de la sensualité.

Ko ca, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo? Idha, bhikkhave, kulaputto yena sippaṭṭhānena jīvikaṃ kappeti: yadi muddāya yadi gaṇanāya yadi saṅkhānena yadi kasiyā yadi vaṇijjāya yadi gorakkhena yadi issatthena yadi rāja·porisena yadi sippaññatarena, sītassa purakkhato uṇhassa purakkhato ḍaṃsa·makasa·vātā·tapa·sarīṃsapa·samphassehi rissamāno khuppipāsāya mīyamāno; ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Et quels sont, mendiants, les désavantages de la sensualité? À cet égard, mendiants, un fils de famille, quelle que soit la profession au moyen de laquelle il gagne sa vie, que ce soit le calcul, la comptabilité, l'arithmétique, l'agriculture, le commerce, la garde des vaches, l'archerie, le service du roi, ou quelque autre profession, il doit supporter le froid, il doit supporter la chaleur, il souffre du contact avec les mouches, les moustiques, le vent, le soleil & les rampants, il doit supporter la faim et la soif. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Tassa ce, bhikkhave, kula·puttassa evaṃ uṭṭhahato ghaṭato vāyamato te bhogā nābhinipphajjanti. So socati kilamati paridevati urattāḷiṃ kandati, sammohaṃ āpajjati: ‘moghaṃ vata me uṭṭhānaṃ, aphalo vata me vāyāmo’ti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Dans le cas, mendiants, où les richesses ne viennent pas à ce fils de famille qui s'active, s'applique et s'efforce ainsi, il est abattu, il est affligé, il se lamente, il se frappe la poitrine, il pleure et est en proie à la confusion: “Mon activité est stérile, mes efforts sont infructueux!” Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Tassa ce, bhikkhave, kula·puttassa evaṃ uṭṭhahato ghaṭato vāyamato te bhogā abhinipphajjanti. So tesaṃ bhogānaṃ ārakkh·ādhikaraṇaṃ dukkhaṃ domanassaṃ paṭisaṃvedeti: ‘kinti me bhoge neva rājāno hareyyuṃ, na corā hareyyuṃ, na aggi daheyya, na udakaṃ vaheyya, na appiyā dāyādā hareyyu’nti. Tassa evaṃ ārakkhato gopayato te bhoge rājāno vā haranti, corā vā haranti, aggi vā dahati, udakaṃ vā vahati, appiyā vā dāyādā haranti. So socati kilamati paridevati urattāḷiṃ kandati, sammohaṃ āpajjati: ‘yampi me ahosi tampi no natthī’ti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Dans le cas, mendiants, où les richesses viennent à ce fils de famille qui s'active, s'applique et s'efforce ainsi, il ressent du mal-être et de la déplaisance mentale à cause de la protection de ses richesses: “Comment faire en sorte que mes richesses ne soient emportées ni par les rois, ni par les voleurs, ni par le feu, ni par les eaux, ni par des héritiers désagréables?” Mais bien qu'il les protège et les garde ainsi, ses richesses sont emportées par un roi, ou par des voleurs, ou par le feu, ou par les eaux, ou bien par des héritiers désagréables. Il est abattu, il est affligé, il se lamente, il se frappe la poitrine, il pleure et est en proie à la confusion: “Ce qui était à moi ne l'est plus!” Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu rājānopi rājūhi vivadanti, khattiyāpi khattiyehi vivadanti, brāhmaṇāpi brāhmaṇehi vivadanti, gahapatīpi gahapatīhi vivadanti, mātāpi puttena vivadati, puttopi mātarā vivadati, pitāpi puttena vivadati, puttopi pitarā vivadati, bhātāpi bhātarā vivadati, bhātāpi bhaginiyā vivadati, bhaginīpi bhātarā vivadati, sahāyopi sahāyena vivadati. Te tattha kalaha-viggaha-vivādāpannā aññamaññaṃ pāṇīhipi upakkamanti, leḍḍūhipi upakkamanti, daṇḍehipi upakkamanti, satthehipi upakkamanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, mendiants, c'est avec [les plaisirs de] la sensualité pour cause, avec [les plaisirs de] la sensualité pour raison, avec [les plaisirs de] la sensualité pour origine, c'est un produit [des plaisirs] de la sensualité, la cause étant juste la sensualité, que les rois se querellent avec les rois, que les aristocrates se querellent avec les aristocrates, que les brahmanes se querellent avec les brahmanes, que les maîtres de maison se querellent avec les maîtres de maison, que les mères se querellent avec les enfants, que les enfants se querellent avec les mères, que les pères se querellent avec les enfants, que les enfants se querellent avec les pères, que les frères se querellent entre eux, que les frères se querellent avec les sœurs, que les sœurs se querellent avec les frères et que les amis se querellent entre eux. S'étant engagés dans des disputes, des conflits ou des litiges, ils en viennent aux mains les uns avec les autres, ils s'attaquent avec des pierres, il s'attaquent avec des bâtons, ou bien ils s'attaquent avec des couteaux, et à cause de cela, ils trouvent la mort ou des souffrances mortelles. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu asicammaṃ gahetvā, dhanukalāpaṃ sannayhitvā, ubhatobyūḷhaṃ saṅgāmaṃ pakkhandanti usūsupi khippamānesu, sattīsupi khippamānāsu, asīsupi vijjotalantesu. Te tattha usūhipi vijjhanti, sattiyāpi vijjhanti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, mendiants, c'est avec [les plaisirs de] la sensualité pour cause, avec [les plaisirs de] la sensualité pour raison, avec [les plaisirs de] la sensualité pour origine, c'est un produit [des plaisirs] de la sensualité, la cause étant juste la sensualité, qu'ayant saisi épées et boucliers, s'étant armés avec arcs et carquois, les deux camps chargent dans la bataille tandis que les flèches et les lances volent, et que les épées s'entrechoquent. Ils sont percés par les flèches, percés par les lances, leurs têtes sont coupées par des épées, et à cause de cela, ils trouvent la mort ou des souffrances mortelles. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu asicammaṃ gahetvā, dhanukalāpaṃ sannayhitvā, addāvalepanā upakāriyo pakkhandanti usūsupi khippamānesu, sattīsupi khippamānāsu, asīsupi vijjotalantesu. Te tattha usūhipi vijjhanti, sattiyāpi vijjhanti, chakaṇakāyapi osiñcanti, abhivaggenapi omaddanti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, mendiants, c'est avec [les plaisirs de] la sensualité pour cause, avec [les plaisirs de] la sensualité pour raison, avec [les plaisirs de] la sensualité pour origine, c'est un produit [des plaisirs] de la sensualité, la cause étant juste la sensualité, qu'ayant saisi épées et boucliers, s'étant armés avec arcs et carquois, ils chargent à la rescousse de bastions en perte{n} tandis que les flèches et les lances volent, et que les épées s'entrechoquent. Ils sont percés par les flèches, percés par les lances, arrosés de liquides brûlants, écrasés par des masses, leurs têtes sont coupées par des épées, et à cause de cela, ils trouvent la mort ou des souffrances mortelles. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu sandhimpi chindanti, nillopampi haranti, ekāgārikampi karonti, paripanthepi tiṭṭhanti, paradārampi gacchanti. Tamenaṃ rājāno gahetvā vividhā kammakāraṇā kārenti: kasāhipi tāḷenti, vettehipi tāḷenti, aḍḍhadaṇḍakehipi tāḷenti; hatthampi chindanti, pādampi chindanti, hatthapādampi chindanti, kaṇṇampi chindanti, nāsampi chindanti, kaṇṇanāsampi chindanti. Bilaṅgathālikampi karonti, saṅkhamuṇḍikampi karonti, rāhumukhampi karonti, jotimālikampi karonti, hatthapajjotikampi karonti, erakavattikampi karonti, cīrakavāsikampi karonti, eṇeyyakampi karonti, baḷisamaṃsikampi karonti, kahāpaṇikampi karonti, khārāpatacchikampi karonti, palighaparivattikampi karonti, palālapīṭhakampi karonti, tattenapi telena osiñcanti, sunakhehipi khādāpenti, jīvantampi sūle uttāsenti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, mendiants, c'est avec [les plaisirs de] la sensualité pour cause, avec [les plaisirs de] la sensualité pour raison, avec [les plaisirs de] la sensualité pour origine, c'est un produit [des plaisirs] de la sensualité, la cause étant juste la sensualité, qu'ils cassent les serrures, qu'ils dévalisent, qu'ils cambriolent, qu'ils se tiennent en embuscade le long des routes, qu'ils vont aux femmes des autres. Et lorsqu'ils sont arrêtés par les rois, ceux-ci leur font subir divers supplices: ils les font flageller, rouer de coups de cannes, rouer de coups de bâtons, ils leur font couper les mains, couper les pieds, couper les mains et les pieds, couper les oreilles, couper le nez, couper les oreilles et le nez; ils leur font subir “la marmite à gruau”, “le rasoir à conque”, “la bouche de Rāhu”, “la guirlande de feu”, “les mains-torches”, “la traînée derrière un cheval”, “la hache d'écorce”, “l'antilope”, “les crochets à viande”, “les pièces de monnaie”, “la vraie soude”, “le tour de barre”, “le fauteuil de paille”, ils les font arroser d'huile brûlante, ils les font dévorer par les chiens, ils les font empaler vivants sur des pieux, ils leur font couper la tête avec une épée, et à cause de cela, ils trouvent la mort ou des souffrances mortelles. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui est visible directement, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu kāyena duccaritaṃ caranti, vācāya duccaritaṃ caranti, manasā duccaritaṃ caranti. Te kāyena duccaritaṃ caritvā, vācāya duccaritaṃ caritvā, manasā duccaritaṃ caritvā, kāyassa bhedā paraṃ maraṇā apāyaṃ duggatiṃ vinipātaṃ nirayaṃ upapajjanti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo samparāyiko, dukkha·k·khandho kāma·hetu kāma·nidānaṃ kām·ādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, mendiants, c'est avec [les plaisirs de] la sensualité pour cause, avec [les plaisirs de] la sensualité pour raison, avec [les plaisirs de] la sensualité pour origine, c'est un produit [des plaisirs] de la sensualité, la cause étant juste la sensualité, qu'ils s'engagent dans la méconduite corporelle, dans la méconduite verbale, dans la méconduite mentale. S'étant engagés dans la méconduite corporelle, dans la méconduite verbale, dans la méconduite mentale, lors de la dissolution du corps, après la mort, ils réapparaissent dans une existence infortunée, une mauvaise destination, un monde inférieur, ou en enfer. Voici, mendiants, un désavantage de la sensualité qui concerne l'autre monde, une accumulation de mal-être qui a la sensualité pour cause, qui a la sensualité pour raison, qui a la sensualité pour origine, qui est un produit de la sensualité, la cause étant juste la sensualité.

Kiñca, bhikkhave, kāmānaṃ nissaraṇaṃ? Yo kho, bhikkhave, kāmesu chanda·rāga·vinayo chanda·rāga·p·pahānaṃ: idaṃ kāmānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce, mendiants, que l'émancipation vis-à-vis de la sensualité? L'élimination du désir avide envers la sensualité, l'abandon du désir avide envers la sensualité: voici quelle est l'émancipation vis-à-vis de la sensualité.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ kāmānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ nappajānanti te vata sāmaṃ vā kāme parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno kāme parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ kāmānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ pajānanti, te vata sāmaṃ vā kāme parijānissanti paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno kāme parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjati.

Mendiants, en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui ne discernent pas ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments de la sensualité en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est impossible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est la sensualité, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète de la sensualité. Mais en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui discernent ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments de la sensualité en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est possible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est la sensualité, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète de la sensualité.


(Rūpa)

Ko ca, bhikkhave, rūpānaṃ assādo? Seyyathāpi, bhikkhave, khattiyakaññā vā brāhmaṇakaññā vā gahapatikaññā vā pannarasavassuddesikā vā soḷasavassuddesikā vā, nātidīghā nātirassā nātikisā nātithūlā nātikāḷī nāccodātā. paramā sā, bhikkhave, tasmiṃ samaye subhā vaṇṇanibhāti?


(La matérialité)

Et quels sont, mendiants, les agréments de la matérialité? Imaginez, mendiants, une jeune fille aristocrate, ou une jeune fille brahmane, ou une jeune fille de maître de maison, âgée de quinze ou seize ans, ni trop grande, ni trop petite, ni trop maigre, ni trop grosse, ni trop sombre de peau, ni trop claire de peau. Sa beauté, mendiants, son charme ne sont-ils pas à leur summum?

Evaṃ, bhante.

— Yaṃ kho, bhikkhave, subhaṃ vaṇṇanibhaṃ paṭicca uppajjati sukhaṃ somanassaṃ: ayaṃ rūpānaṃ assādo.

En effet, Bhanté.

— Le bien-être, mendiants, et la plaisance mentale qui apparaissent sur la base de cette beauté et de ce charme: voici quel est l'agrément de la matérialité.

Ko ca, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo? Idha, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya aparena samayena āsītikaṃ vā nāvutikaṃ vā vassasatikaṃ vā jātiyā, jiṇṇaṃ gopānasivaṅkaṃ bhoggaṃ daṇḍaparāyanaṃ pavedhamānaṃ gacchantiṃ āturaṃ gatayobbanaṃ khaṇḍadantaṃ palitakesaṃ, vilūnaṃ khalitasiraṃ valinaṃ tilakāhatagattaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

Et quels sont, mendiants, les désavantages de la matérialité? À cet égard, mendiants, on pourrait voir cette même sœur plus tard, à l'âge de quatre-vingt, quatre-vingt-dix ou cent ans, décrépite, voûtée, courbée, avançant en tremblant et en s'appuyant sur une canne, fragile, ayant perdu sa fraîcheur, avec les dents cassées, les cheveux blancs et clairsemés, chauve, ridée, le corps couvert de flétrissures. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya ābādhikaṃ dukkhitaṃ bāḷhagilānaṃ, sake muttakarīse palipannaṃ semānaṃ, aññehi vuṭṭhāpiyamānaṃ, aññehi saṃvesiyamānaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur malade, souffrante, en proie à la maladie, couchée et baignée dans sa propre urine et ses excréments, mise sur pied par les uns et mise en couche par les autres. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: ekāhamataṃ vā dvīhamataṃ vā tīhamataṃ vā, uddhumātakaṃ vinīlakaṃ vipubbakajātaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: décédée depuis un jour, ou deux jours, ou trois jours, gonflé, livide, en putréfaction. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: kākehi vā khajjamānaṃ, kulalehi vā khajjamānaṃ, gijjhehi vā khajjamānaṃ, kaṅkehi vā khajjamānaṃ, sunakhehi vā khajjamānaṃ, byagghehi vā khajjamānaṃ, dīpīhi vā khajjamānaṃ, sigālehi vā khajjamānaṃ, vividhehi vā pāṇakajātehi khajjamānaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: dévoré par les corbeaux, ou dévoré par les vautours, ou dévoré par les charognards, ou dévoré par les chiens, ou dévoré par les hyènes, ou dévoré par les panthères, ou dévoré par les chacals, ou dévoré par diverses autres créatures. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhika-saṅkhalikaṃ samaṃsa-lohitaṃ nhāru-sambandhaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: un squelette avec des chairs et du sang, encore maintenu par les tendons. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhika-saṅkhalikaṃ nimaṃsa-lohita-makkhitaṃ nhāru-sambandhaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: un squelette sans chairs mais encore enduit de sang et toujours maintenu par les tendons. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhika-saṅkhalikaṃ apagata-maṃsa-lohitaṃ nhāru-sambandhaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: un squelette sans chair ni sang, toujours maintenu par les tendons. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhikāni apagata-sambandhāni disā-vidisā-vikkhittāni: aññena hatthaṭṭhikaṃ, aññena pādaṭṭhikaṃ, aññena gopphakaṭṭhikaṃ, aññena jaṅghaṭṭhikaṃ, aññena ūruṭṭhikaṃ, aññena kaṭiṭṭhikaṃ, aññena phāsukaṭṭhikaṃ, aññena piṭṭhiṭṭhikaṃ, aññena khandhaṭṭhikaṃ, aññena gīvaṭṭhikaṃ, aññena hanukaṭṭhikaṃ, aññena dantaṭṭhikaṃ, aññena sīsakaṭāhaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: des os déconnectés, éparpillés dans toutes les directions: ici un os de la main et là un os du pied, ici un os de la cheville et là un os du tibia, ici un os de la cuisse et là un os de la hanche, ici une côte et là un os du dos, ici un os de l'épaule et là un os du cou, ici un os de la mâchoire, là une dent et là le crâne. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhikāni setāni saṅkhavaṇṇapaṭibhāgāni. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: des os tournés au blanc, ressemblant à des coquillages. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhikāni puñjakitāni terovassikāni. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: des os entassés vieux de plus d'un an. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhikāni pūtīni cuṇṇakajātāni. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, mendiants, on pourrait voir cette même sœur, comme un cadavre abandonné dans un charnier: des os pourris, réduits en poudre. Qu'en pensez-vous, mendiants, sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu, et le désavantage n'est-il pas devenu manifeste?

Evaṃ, bhante.

— Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

En effet, Bhanté.

— Ceci, mendiants, est un désavantage de la matérialité.

Kiñca, bhikkhave, rūpānaṃ nissaraṇaṃ? Yo, bhikkhave, rūpesu chanda·rāga·vinayo chanda·rāga·p·pahānaṃ: idaṃ rūpānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce, mendiants, que l'émancipation par rapport à la matérialité? L'élimination du désir avide envers la matérialité, l'abandon du désir avide envers la matérialité: voici quelle est l'émancipation vis-à-vis de la matérialité.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ rūpānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ nappajānanti te vata sāmaṃ vā rūpe parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno rūpe parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ rūpānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ pajānanti te vata sāmaṃ vā rūpe parijānissanti paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno rūpe parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjati.

Mendiants, en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui ne discernent pas ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments de la matérialité en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est impossible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est la matérialité, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète de la matérialité. Mais en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui discernent ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments de la matérialité en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est possible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est la matérialité, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète de la matérialité.


(Vedanā)

Ko ca, bhikkhave, vedanānaṃ assādo? Idha, bhikkhave, bhikkhu vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.


(Le ressenti)

Et quels sont, mendiants, les agréments du ressenti? À cet égard, un mendiant, séparé des plaisirs de la sensualité, séparé des états mentaux désavantageux, entre et demeure dans le premier jhana, qui s'accompagne de pensées actives et passives, avec exaltation et bien-être engendrés par la séparation. Au moment où un mendiant, séparé des plaisirs de la sensualité, séparé des états mentaux désavantageux, entre et demeure dans le premier jhana, qui s'accompagne de pensées actives et passives, avec exaltation et bien-être engendrés par la séparation, à ce moment-là, il ne tend ni à son propre préjudice, ni à celui des autres, ni à celui des deux. À ce moment-là, il ressent un ressenti délivré de [volonté de] préjudice. Je déclare, mendiants, que l'absence de [volonté de] préjudice est le summum de l'agrément du ressenti.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

De plus, un mendiant, avec l'apaisement des pensées actives et passives, entre et demeure dans le deuxième jhāna, avec tranquillisation intérieure et unification de l'esprit, sans pensées actives ni passives, avec exaltation et bien-être engendrés par la concentration. Au moment où un mendiant, avec l'apaisement des pensées actives et passives, entre et demeure dans le deuxième jhāna, avec tranquillisation intérieure et unification de l'esprit, sans pensées actives ni passives, avec exaltation et bien-être engendrés par la concentration, à ce moment-là, il ne tend ni à son propre préjudice, ni à celui des autres, ni à celui des deux. À ce moment-là, il ressent un ressenti délivré de [volonté de] préjudice. Je déclare, mendiants, que l'absence de [volonté de] préjudice est le summum de l'agrément du ressenti.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

De plus, un mendiant, avec la disparition de l'exaltation, demeure équanime, présent d'esprit et doué d'un discernement attentif, il entre et demeure dans le troisième jhāna et ressent dans le corps le bien-être que les êtres nobles décrivent: ‘équanime et présent d'esprit, il séjourne dans le bien-être’. Au moment où un mendiant, avec la disparition de l'exaltation, demeure équanime, présent d'esprit et doué d'un discernement attentif, où il ressent dans le corps le bien-être que les êtres nobles décrivent: ‘équanime et présent d'esprit, quelqu'un qui demeure dans le bien-être’, où il entre et demeure dans le troisième jhāna, à ce moment-là, il ne tend ni à son propre préjudice, ni à celui des autres, ni à celui des deux. À ce moment-là, il ressent un ressenti délivré de [volonté de] préjudice. Je déclare, mendiants, que l'absence de [volonté de] préjudice est le summum de l'agrément du ressenti.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

De plus, un mendiant, abandonnant le bien-être et abandonnant le mal-être, la plaisance et la déplaisance mentales ayant auparavant disparu, entre et demeure dans le quatrième jhāna, qui est sans mal-être ni bien-être, purifié par la présence d'esprit due à l'équanimité. Au moment où un mendiant, abandonnant le bien-être et abandonnant le mal-être, la plaisance et la déplaisance mentales ayant auparavant disparu, entre et demeure dans le quatrième jhāna, qui est sans mal-être ni bien-être, purifié par la présence d'esprit due à l'équanimité, à ce moment-là, il ne tend ni à son propre préjudice, ni à celui des autres, ni à celui des deux. À ce moment-là, il ressent un ressenti délivré de [volonté de] préjudice. Je déclare, mendiants, que l'absence de [volonté de] préjudice est le summum de l'agrément du ressenti.

Ko ca, bhikkhave, vedanānaṃ ādīnavo? Yaṃ, bhikkhave, vedanā aniccā dukkhā vipariṇāmadhammā: ayaṃ vedanānaṃ ādīnavo.

Et quels sont, mendiants, les désavantages du ressenti? Le fait que le ressenti soit impermanent, insatisfaisant, par nature voué au changement: voici quel est le désavantage du ressenti.

Kiñca, bhikkhave, vedanānaṃ nissaraṇaṃ? Yo, bhikkhave, vedanāsu chandarāgavinayo, chandarāgappahānaṃ: idaṃ vedanānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce, mendiants, que l'émancipation vis-à-vis du ressenti? L'élimination du désir avide envers le ressenti, l'abandon du désir avide envers le ressenti: voici quelle est l'émancipation vis-à-vis du ressenti.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ vedanānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ nappajānanti, te vata sāmaṃ vā vedanaṃ parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno vedanaṃ parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ vedanānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathā·bhūtaṃ pajānanti te vata sāmaṃ vā vedanaṃ parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno vedanaṃ parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjatī ti.

Mendiants, en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui ne discernent pas ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments du ressenti en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est impossible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est le ressenti, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète du ressenti. Mais en ce qui concerne les renonçants ou les brahmanes qui discernent ainsi, tels qu'ils sont réellement, les agréments du ressenti en tant qu'agréments, ses désavantages en tant que désavantages, l'émancipation vis-à-vis d'elle en tant qu'émancipation, il est possible qu'ils comprennent complètement par eux-mêmes ce qu'est le ressenti, ou qu'ils exhortent les autres à la pratique pour la compréhension complète du ressenti.

Idamavoca bhagavā. Attamanā te bhikkhū bhagavato bhāsitaṃ abhinandunti.

Voici ce que dit le Fortuné. Exaltés, les mendiants approuvèrent les paroles du Fortuné.





Bodhi leaf


Notes


1. parc: ārāmo pour également signifier “monastère”. Mais puisqu'il s'agit de vagabonds spirituels, le mot parc semble plus approprié.




Traduction proposée par Rémy.

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Publié comme un don du Dhamma,
pour être distribué librement, à des fins non lucratives.
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Le traducteur n'est pas un expert en Pali, et afin d'éviter toute erreur se réfère à des traductions déjà existantes; il espère néanmoins que les erreurs qui peuvent se glisser dans la traduction ne sont que minimes.


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