AN 3.65
Kesaputta Sutta
— Discours aux Kalamas de Késsapoutta —

Les Kalamas ont entendu tellement de discours contradictoires de la part de prêcheurs en tous genres qu'ils ne savent plus à qui ils peuvent faire confiance. Le Bouddha leur explique qu'il ne faut rien accepter trop facilement, puis leur donne des critères de jugement, comment s'assurer une vie harmonieuse, et quatre certitudes que l'on peut malgré tout avoir. Un prolongement intéressant ce soutta se trouve à MN 27.




Pāḷi



evaṃ me sutaṃ:

Français



Ainsi ai-je entendu:

ekaṃ samayaṃ bhagavā kosalesu cārikaṃ caramāno mahatā bhikkhusaṅghena saddhiṃ yena kesaputtaṃ nāma kālāmānaṃ nigamo tadavasari. assosuṃ kho kesaputtiyā kālāmā:

Un jour, en voyageant à pied à travers le Kosala avec un grand groupe de mendiants, le Fortuné arriva à un village des Kalamas qui s'appelait Késsapoutta. Les Kalamas de Késsapoutta entendirent:

“samaṇo khalu, bho, gotamo sakyaputto sakyakulā pabbajito kesaputtaṃ anuppatto. taṃ kho pana bhavantaṃ gotamaṃ evaṃ kalyāṇo kittisaddo abbhuggato: ‘itipi so bhagavā arahaṃ sammāsambuddho vijjācaraṇasampanno sugato lokavidū anuttaro purisadammasārathi satthā devamanussānaṃ buddho bhagavā’ti. so imaṃ lokaṃ sadevakaṃ samārakaṃ sabrahmakaṃ sassamaṇabrāhmaṇiṃ pajaṃ sadevamanussaṃ sayaṃ abhiññā sacchikatvā pavedeti. so dhammaṃ deseti ādikalyāṇaṃ majjhekalyāṇaṃ pariyosānakalyāṇaṃ sātthaṃ sabyañjanaṃ, kevalaparipuṇṇaṃ parisuddhaṃ brahmacariyaṃ pakāseti. sādhu kho pana tathārūpānaṃ arahataṃ dassanaṃ hotī”ti.

Messieurs, le renonçant Gotama, un fils des Sakyas ayant quitté le clan des Sakyas, est arrivé à Késsapoutta en voyageant à pied à travers le Kosala avec un grand groupe de mendiants. Et la bonne réputation de ce vénérable Gotama s'est répandue ainsi: Assurément, ce Fortuné est un arahant véritablement éveillé, accompli en connaissance et en [bonne] conduite, sublime, connaisseur du monde, suprême guide des personnes désirant l'entraînement, enseignant des dévas et des humains, un Fortuné éveillé. Il fait connaître ce monde avec ses dévas, ses māras, ses brahmās, ses renonçants-et-brahmanes, avec cette génération de dévas et d'êtres humains, en en ayant fait lui-même l'expérience par connaissance directe. Il enseigne un Dhamma qui est bénéfique au début, bénéfique au milieu, bénéfique à la fin, avec la signification et le phrasé corrects, il présente la vie brahmique qui est entièrement complète et pure. Il est bon de voir un tel arahant.’

atha kho kesaputtiyā kālāmā yena bhagavā tenupasaṅkamiṃsu; upasaṅkamitvā appekacce bhagavantaṃ abhivādetvā ekamantaṃ nisīdiṃsu, appekacce bhagavatā saddhiṃ sammodiṃsu, sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekamantaṃ nisīdiṃsu, appekacce yena bhagavā tenañjaliṃ paṇāmetvā ekamantaṃ nisīdiṃsu, appekacce nāmagottaṃ sāvetvā ekamantaṃ nisīdiṃsu, appekacce tuṇhībhūtā ekamantaṃ nisīdiṃsu. ekamantaṃ nisinnā kho te kesaputtiyā kālāmā bhagavantaṃ etadavocuṃ:

Alors les Kalamas de Késsapoutta vinrent voir le Fortuné. S'étant approchés, certains saluèrent respectueusement le Fortuné puis s'assirent d'un côté. Certains échangèrent des courtoisies avec le Fortuné, et après cet échange de courtoisies et de paroles amicales, s'assirent d'un côté. Certains s'inclinèrent devant le Fortuné avec les mains jointes puis s'assirent d'un côté. Certains annoncèrent leur nom et leur clan devant le Fortuné puis s'assirent d'un côté. Certains restèrent silencieux et s'assirent d'un côté. Une fois qu'il furent assis, les Kalamas de Késsapoutta dirent au Fortuné:

“santi, bhante, eke samaṇabrāhmaṇā kesaputtaṃ āgacchanti. te sakaṃyeva vādaṃ dīpenti jotenti, parappavādaṃ pana khuṃsenti vambhenti paribhavanti omakkhiṃ karonti. aparepi, bhante, eke samaṇabrāhmaṇā kesaputtaṃ āgacchanti. tepi sakaṃyeva vādaṃ dīpenti jotenti, parappavādaṃ pana khuṃsenti vambhenti paribhavanti omakkhiṃ karonti. tesaṃ no, bhante, amhākaṃ hoteva kaṅkhā hoti vicikicchā: ‘ko su nāma imesaṃ bhavataṃ samaṇabrāhmaṇānaṃ saccaṃ āha, ko musā’”ti?

— «Bhanté, il y a certains renonçants-et-brahmanes qui viennent à Késsapoutta. Ils présentent et font briller leur propre doctrine, mais ils vilipendent, conspuent, méprisent et ridiculisent les doctrines des autres. Après cela, Bhanté, d'autres renonçants-et-brahmanes viennent à Késsapoutta. Eux aussi, ils présentent et font briller leur propre doctrine, mais ils vilipendent, conspuent, méprisent et ridiculisent les doctrines des autres. À cause de cela, Bhanté, nous sommes en proie à l'incertitude et au doute: “Quels sont les vénérables renonçants-et-brahmanes qui disent des vérités, et quels sont ceux qui disent des faussetés?”

“alañhi vo, kālāmā, kaṅkhituṃ alaṃ vicikicchituṃ. kaṅkhanīyeva pana vo ṭhāne vicikicchā uppannā”.

— Kalamas, bien sûr que vous êtes en proie à l'incertitude, bien sûr que vous êtes en proie au doute. Le doute est apparu en vous à cause de matières qui engendrent l'incertitude.

“etha tumhe, kālāmā, mā anussavena, mā paramparāya, mā itikirāya, mā piṭakasampadānena, mā takkahetu, mā nayahetu, mā ākāraparivitakkena, mā diṭṭhinijjhānakkhantiyā, mā bhabbarūpatāya, mā samaṇo no garūti. yadā tumhe, kālāmā, attanāva jāneyyātha: ‘ime dhammā akusalā, ime dhammā sāvajjā, ime dhammā viññugarahitā, ime dhammā samattā samādinnā ahitāya dukkhāya saṃvattantī’”ti, atha tumhe, kālāmā, pajaheyyātha.

Kalamas, ne vous fiez ni à ce que vous avez entendu, ni à la tradition, ni à ce qui est communément admis, ni à ce qui est transmis dans des textes, ni aux raisonnements, ni aux inférences, ni à la réflexion profonde, ni à l'acceptation d'une opinion après l'avoir méditée, ni à ce qui semble possible,{1} ni à [la pensée:] “Ce renonçant est notre enseignant”. Kalamas, ce dont vous savez par vous-même être des choses désavantageuses, des choses répréhensibles, des choses condamnées par les sages, des choses qui, lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, portent préjudice et mènent au mal-être, vous devriez les abandonner.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, lobho purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque l'avidité apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“ahitāya, bhante”.

— À son préjudice, Bhanté.

“luddho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo lobhena abhibhūto pariyādinnacitto pāṇampi hanati, adinnampi ādiyati, paradārampi gacchati, musāpi bhaṇati, parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ ahitāya dukkhāyā”ti.

— Un homme avide, Kalamas, possédé par l'avidité, son esprit étant sous son emprise, tue des êtres vivants, se saisit de ce qui n'a pas été donné, va à la femme d'un autre, dit des mensonges et incite les autres à en faire autant, ce qui lui portera préjudice et mènera à son mal-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, doso purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque la haine apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“ahitāya, bhante”.

— À son préjudice, Bhanté.

“duṭṭho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo dosena abhibhūto pariyādinnacitto pāṇampi hanati, adinnampi ādiyati, paradārampi gacchati, musāpi bhaṇati, parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ ahitāya dukkhāyā”ti.

— Un homme haineux, Kalamas, possédé par la haine, son esprit étant sous son emprise, tue des êtres vivants, se saisit de ce qui n'a pas été donné, va à la femme d'un autre, dit des mensonges et incite les autres à en faire autant, ce qui lui portera préjudice et mènera à son mal-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, moho purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque la délusion apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“ahitāya, bhante”.

— À son préjudice, Bhanté.

“mūḷho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo mohena abhibhūto pariyādinnacitto pāṇampi hanati, adinnampi ādiyati, paradārampi gacchati, musāpi bhaṇati, parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ ahitāya dukkhāyā”ti.

— Un homme illusionné, Kalamas, possédé par la délusion, son esprit étant sous son emprise, tue des êtres vivants, se saisit de ce qui n'a pas été donné, va à la femme d'un autre, dit des mensonges et incite les autres à en faire autant, ce qui lui portera préjudice et mènera à son mal-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, ime dhammā kusalā vā akusalā vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, est-ce que ces choses sont avantageuses ou désavantageuses?

“akusalā, bhante”.

— Désavantageuses, Bhanté.

“sāvajjā vā anavajjā vā”ti?

— Répréhensibles ou irréprochables?

“sāvajjā, bhante”.

— Répréhensibles, Bhanté.

“viññugarahitā vā viññuppasatthā vā”ti?

— Condamnées par les sages ou recommandées par les sages?

“viññugarahitā, bhante”.

— Condamnées par les sages, Bhanté.

“samattā samādinnā ahitāya dukkhāya saṃvattanti, no vā? kathaṃ vā ettha hotī”ti?

— Lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, est-ce qu'elles portent préjudice et mènent au mal-être, ou pas? Qu'est-ce que vous en pensez?

“samattā, bhante, samādinnā ahitāya dukkhāya saṃvattantīti. evaṃ no ettha hotī”ti.

— Lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, Bhanté, elles portent préjudice et mènent au mal-être. C'est ce que nous en pensons.

“iti kho, kālāmā, yaṃ taṃ avocumhā: ‘etha tumhe, kālāmā! mā anussavena, mā paramparāya, mā itikirāya, mā piṭakasampadānena, mā takkahetu, mā nayahetu, mā ākāraparivitakkena, mā diṭṭhinijjhānakkhantiyā, mā bhabbarūpatāya, mā samaṇo no garūti. yadā tumhe kālāmā attanāva jāneyyātha: ‘ime dhammā akusalā, ime dhammā sāvajjā, ime dhammā viññugarahitā, ime dhammā samattā samādinnā ahitāya dukkhāya saṃvattantīti, atha tumhe, kālāmā, pajaheyyāthā’ti, iti yaṃ taṃ vuttaṃ, idametaṃ paṭicca vuttaṃ.

— Voici, Kalamas, ce en rapport à quoi j'ai dit: “Kalamas, ne vous fiez ni à ce que vous avez entendu, ni à la tradition, ni à ce qui est communément admis, ni à ce qui est transmis dans des textes, ni aux raisonnements, ni aux inférences, ni à la réflexion profonde, ni à l'acceptation d'une opinion après l'avoir méditée, ni à ce qui semble possible, ni à [la pensée:] ‘Ce renonçant est notre enseignant’. Kalamas, ce dont vous savez par vous-même être des choses désavantageuses, des choses répréhensibles, des choses condamnées par les sages, des choses qui, lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, portent préjudice et mènent au mal-être, vous devriez les abandonner.”

“etha tumhe, kālāmā, mā anussavena, mā paramparāya, mā itikirāya, mā piṭakasampadānena, mā takkahetu, mā nayahetu, mā ākāraparivitakkena, mā diṭṭhinijjhānakkhantiyā, mā bhabbarūpatāya, mā samaṇo no garūti. yadā tumhe, kālāmā, attanāva jāneyyātha: ‘ime dhammā kusalā, ime dhammā anavajjā, ime dhammā viññuppasatthā, ime dhammā samattā samādinnā hitāya sukhāya saṃvattantī’ti, atha tumhe, kālāmā, upasampajja vihareyyātha.

Kalamas, ne vous fiez ni à ce que vous avez entendu, ni à la tradition, ni à ce qui est communément admis, ni à ce qui est transmis dans des textes, ni aux raisonnements, ni aux inférences, ni à la réflexion profonde, ni à l'acceptation d'une opinion après l'avoir méditée, ni à ce qui semble possible, ni à [la pensée:] “Ce renonçant est notre enseignant”. Kalamas, ce dont vous savez par vous-même être des choses avantageuses, des choses irréprochables, des choses recommandées par les sages, des choses qui, lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, sont à votre avantage et mènent au bien-être, vous devriez les entreprendre et vivre en accord avec elles.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, alobho purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque l'absence d'avidité apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“hitāya, bhante”.

— À son avantage, Bhanté.

“aluddho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo lobhena anabhibhūto apariyādinnacitto neva pāṇaṃ hanati, na adinnaṃ ādiyati, na paradāraṃ gacchati, na musā bhaṇati, na parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ hitāya sukhāyā”ti.

— Un homme non avide, Kalamas, qui n'est pas possédé par l'avidité, son esprit n'étant pas sous son emprise, ne tue pas d'êtres vivants, ne se saisit pas de ce qui n'a pas été donné, ne va pas à la femme d'un autre, ne dit pas de mensonges et n'incite pas les autres à en faire autant, ce qui sera à son avantage et mènera à son bien-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, adoso purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque l'absence de haine apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“hitāya, bhante”.

— À son avantage, Bhanté.

“aduṭṭho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo dosena anabhibhūto apariyādinnacitto neva pāṇaṃ hanati, na adinnaṃ ādiyati, na paradāraṃ gacchati, na musā bhaṇati, na parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ hitāya sukhāyā”ti.

— Un homme non haineux, Kalamas, qui n'est pas possédé par la haine, son esprit n'étant pas sous son emprise, ne tue pas d'êtres vivants, ne se saisit pas de ce qui n'a pas été donné, ne va pas à la femme d'un autre, ne dit pas de mensonges et n'incite pas les autres à en faire autant, ce qui sera à son avantage et mènera à son bien-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, amoho purisassa ajjhattaṃ uppajjamāno uppajjati hitāya vā ahitāya vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, lorsque l'absence de délusion apparaît intérieurement chez une personne, est-ce qu'elle apparaît à son avantage ou à son préjudice?

“hitāya, bhante”.

— À son avantage, Bhanté.

“amūḷho panāyaṃ, kālāmā, purisapuggalo mohena anabhibhūto apariyādinnacitto neva pāṇaṃ hanati, na adinnaṃ ādiyati, na paradāraṃ gacchati, na musā bhaṇati, na parampi tathattāya samādapeti, yaṃ sa hoti dīgharattaṃ hitāya sukhāyā”ti.

— Un homme non illusionné, Kalamas, qui n'est pas possédé par la délusion, son esprit n'étant pas sous son emprise, ne tue pas d'êtres vivants, ne se saisit pas de ce qui n'a pas été donné, ne va pas à la femme d'un autre, ne dit pas de mensonges et n'incite pas les autres à en faire autant, ce qui sera à son avantage et mènera à son bien-être pour longtemps.

“evaṃ, bhante”.

— En effet, Bhanté.

“taṃ kiṃ maññatha, kālāmā, ime dhammā kusalā vā akusalā vā”ti?

— Qu'est-ce que vous en pensez, Kalamas, est-ce que ces choses sont avantageuses ou désavantageuses?

“kusalā, bhante”.

— Avantageuses, Bhanté.

“sāvajjā vā anavajjā vā”ti?

— Répréhensibles ou irréprochables?

“anavajjā, bhante”.

Irréprochables, Bhanté.

“viññugarahitā vā viññuppasatthā vā”ti?

— Condamnées par les sages ou recommandées par les sages?

“viññuppasatthā, bhante”.

— Recommandées par les sages, Bhanté.

“samattā samādinnā hitāya sukhāya saṃvattanti, no vā? kathaṃ vā ettha hotī”ti?

— Lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, est-ce qu'elles sont à son avantage et mènent à son bien-être, ou pas? Qu'est-ce que vous en pensez?

“samattā, bhante, samādinnāhitāya sukhāya saṃvattantīti. evaṃ no ettha hotī”ti.

— Lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, Bhanté, elles sont à son avantage et mènent à son bien-être. C'est ce que nous en pensons.

“iti kho, kālāmā, yaṃ taṃ avocumhā: ‘etha tumhe, kālāmā! mā anussavena, mā paramparāya, mā itikirāya, mā piṭakasampadānena, mā takkahetu, mā nayahetu, mā ākāraparivitakkena, mā diṭṭhinijjhānakkhantiyā, mā bhabbarūpatāya, mā samaṇo no garūti. yadā tumhe, kālāmā, attanāva jāneyyātha: ime dhammā kusalā, ime dhammā anavajjā, ime dhammā viññuppasatthā, ime dhammā samattā samādinnā hitāya sukhāya saṃvattantīti, atha tumhe, kālāmā, upasampajja vihareyyāthā’ti, iti yaṃ taṃ vuttaṃ idametaṃ paṭicca vuttaṃ.

— Voici, Kalamas, ce en rapport à quoi j'ai dit: “Kalamas, ne vous fiez ni à ce que vous avez entendu, ni à la tradition, ni à ce qui est communément admis, ni à ce qui est transmis dans des textes, ni aux raisonnements, ni aux inférences, ni à la réflexion profonde, ni à l'acceptation d'une opinion après l'avoir méditée, ni à ce qui semble possible, ni à [la pensée:] ‘Ce renonçant est notre enseignant’. Kalamas, ce dont vous savez par vous-même être des choses avantageuses, des choses irréprochables, des choses recommandées par les sages, des choses qui, lorsqu'elles sont entreprises et accomplies, sont à votre avantage et mènent au bien-être, vous devriez les entreprendre et vivre en accord avec elles.”

“sa kho so, kālāmā, ariyasāvako evaṃ vigatābhijjho vigatabyāpādo asammūḷho sampajāno patissato mettāsahagatena cetasā ekaṃ disaṃ pharitvā viharati, tathā dutiyaṃ, tathā tatiyaṃ, tathā catutthaṃ; iti uddhamadho tiriyaṃ sabbadhi sabbattatāya sabbāvantaṃ lokaṃ mettāsahagatena cetasā vipulena mahaggatena appamāṇena averena abyāpajjhena pharitvā viharati.

Un tel noble disciple, Kalamas, ainsi dénué de convoitise, dénué de malveillance, sans confusion, doué de discernement attentif, constamment présent d'esprit, reste à imprégner une direction d'un esprit rempli de bienveillance, de même la deuxième, la troisième et la quatrième. Vers le haut et le bas, transversalement, dans toutes les directions, envers tous comme envers lui-même, il reste ainsi à imprégner le monde entier d'un esprit rempli de bienveillance, étendu, transcendant, sans limite, sans hostilité, sans malveillance.

karuṇāsahagatena cetasā ekaṃ disaṃ pharitvā viharati, tathā dutiyaṃ, tathā tatiyaṃ, tathā catutthaṃ, iti uddhamadho tiriyaṃ sabbadhi sabbattatāya sabbāvantaṃ lokaṃ upekkhāsahagatena cetasā vipulena mahaggatena appamāṇena averena abyāpajjhena pharitvā viharati.

Il reste à imprégner une direction d'un esprit rempli de compassion, de même la deuxième, la troisième et la quatrième. Vers le haut et le bas, transversalement, dans toutes les directions, envers tous comme envers lui-même, il reste ainsi à imprégner le monde entier d'un esprit rempli de compassion, étendu, transcendant, sans limite, sans hostilité, sans malveillance.

muditāsahagatena cetasā ekaṃ disaṃ pharitvā viharati, tathā dutiyaṃ, tathā tatiyaṃ, tathā catutthaṃ, iti uddhamadho tiriyaṃ sabbadhi sabbattatāya sabbāvantaṃ lokaṃ upekkhāsahagatena cetasā vipulena mahaggatena appamāṇena averena abyāpajjhena pharitvā viharati.

Il reste à imprégner une direction d'un esprit rempli de joie altruiste, de même la seconde, de même la deuxième, la troisième et la quatrième. Vers le haut et le bas, transversalement, dans toutes les directions, envers tous comme envers lui-même, il reste ainsi à imprégner le monde entier d'un esprit rempli de joie altruiste, étendu, transcendant, sans limite, sans hostilité, sans malveillance.

upekkhāsahagatena cetasā ekaṃ disaṃ pharitvā viharati, tathā dutiyaṃ, tathā tatiyaṃ, tathā catutthaṃ, iti uddhamadho tiriyaṃ sabbadhi sabbattatāya sabbāvantaṃ lokaṃ upekkhāsahagatena cetasā vipulena mahaggatena appamāṇena averena abyāpajjhena pharitvā viharati.

Il reste à imprégner une direction d'un esprit rempli d'équanimité, de même la deuxième, la troisième et la quatrième. Vers le haut et le bas, transversalement, dans toutes les directions, envers tous comme envers lui-même, il reste ainsi à imprégner le monde entier d'un esprit rempli d'équanimité, étendu, transcendant, sans limite, sans hostilité, sans malveillance.

“sa kho so, kālāmā, ariyasāvako evaṃ averacitto evaṃ abyāpajjhacitto evaṃ asaṃkiliṭṭhacitto evaṃ visuddhacitto. tassa diṭṭheva dhamme cattāro assāsā adhigatā honti. ‘sace kho pana atthi paro loko, atthi sukatadukkaṭānaṃ kammānaṃ phalaṃ vipāko, athāhaṃ kāyassa bhedā paraṃ maraṇā sugatiṃ saggaṃ lokaṃ upapajjissāmī’ti, ayamassa paṭhamo assāso adhigato hoti.

Un tel noble disciple, Kalamas, qui a un esprit ainsi dénué d'hostilité, un esprit ainsi dénué de malveillance, un esprit ainsi sans souillure, un esprit ainsi purifié, est parvenu à quatre assurances dans ce monde visible: “S'il y a un autre monde, s'il y a un fruit et un résultat aux bonnes et aux mauvaises actions, alors lors de la dissolution du corps, après la mort, je réapparaîtrai dans une bonne destination, dans un monde paradisiaque.” Voici quelle est la première assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana natthi paro loko, natthi sukatadukkaṭānaṃ kammānaṃ phalaṃ vipāko, athāhaṃ diṭṭheva dhamme averaṃ abyāpajjhaṃ anīghaṃ sukhiṃ attānaṃ pariharāmī’ti, ayamassa dutiyo assāso adhigato hoti.

“S'il n'y a pas d'autre monde, s'il n'y a pas de fruit ni de résultat aux bonnes et aux mauvaises actions, alors étant sans hostilité, sans malveillance ni tracas, je m'occupe de moi-même dans ce monde visible avec bien-être.” Voici quelle est la deuxième assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana karoto karīyati pāpaṃ, na kho panāhaṃ kassaci pāpaṃ cetemi. akarontaṃ kho pana maṃ pāpakammaṃ kuto dukkhaṃ phusissatī’ti, ayamassa tatiyo assāso adhigato hoti.

“Si le mal échoit à celui qui le fait, je n'ai l'intention de faire aucun mal. Puisque je ne réalise aucune action mauvaise, comment est-ce que je pourrais être touché par le mal-être?” Voici quelle est la troisième assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana karoto na karīyati pāpaṃ, athāhaṃ ubhayeneva visuddhaṃ attānaṃ samanupassāmī’ti, ayamassa catuttho assāso adhigato hoti.

“Si le mal ne revient pas à celui qui le fait, alors je me vois moi-même purifié dans les deux cas.” Voici quelle est la quatrième assurance à laquelle il est parvenu.

“sa kho so, kālāmā, ariyasāvako evaṃ averacitto evaṃ abyāpajjhacitto evaṃ asaṃkiliṭṭhacitto evaṃ visuddhacitto tassa diṭṭheva dhamme ime cattāro assāsā adhigatā hontī”ti.

Un tel noble disciple, Kalamas, qui a un esprit ainsi dénué d'hostilité, un esprit ainsi dénué de malveillance, un esprit ainsi sans souillure, un esprit ainsi purifié, est parvenu à ces quatre assurances dans ce monde visible.

“evametaṃ, bhagavā, evametaṃ, sugata! sa kho so, bhante, ariyasāvako evaṃ averacitto evaṃ abyāpajjhacitto evaṃ asaṃkiliṭṭhacitto evaṃ visuddhacitto. tassa diṭṭheva dhamme cattāro assāsā adhigatā honti. ‘sace kho pana atthi paro loko, atthi sukatadukkaṭānaṃ kammānaṃ phalaṃ vipāko, athāhaṃ kāyassa bhedā paraṃ maraṇā sugatiṃ saggaṃ lokaṃ upapajjissāmī’ti, ayamassa paṭhamo assāso adhigato hoti.

— Il en est ainsi, Fortuné, il en est ainsi, ô Sublime! Un tel noble disciple, Bhanté, qui a un esprit ainsi dénué d'hostilité, un esprit ainsi dénué de malveillance, un esprit ainsi sans souillure, un esprit ainsi purifié, est parvenu à quatre assurances dans ce monde visible: “S'il y a un autre monde, s'il y a un fruit et un résultat aux bonnes et aux mauvaises actions, alors lors de la dissolution du corps, après la mort, je réapparaîtrai dans une bonne destination, dans un monde paradisiaque.” Voici quelle est la première assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana natthi paro loko, natthi sukatadukkaṭānaṃ kammānaṃ phalaṃ vipāko, athāhaṃ diṭṭheva dhamme averaṃ abyāpajjhaṃ anīghaṃ sukhiṃ attānaṃ pariharāmī’ti, ayamassa dutiyo assāso adhigato hoti.

“S'il n'y a pas d'autre monde, s'il n'y a pas de fruit ni de résultat aux bonnes et aux mauvaises actions, alors étant sans hostilité, sans malveillance ni tracas, je m'occupe de moi-même dans ce monde visible avec bien-être.” Voici quelle est la deuxième assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana karoto karīyati pāpaṃ, na kho panāhaṃ kassaci pāpaṃ cetemi. akarontaṃ kho pana maṃ pāpakammaṃ kuto dukkhaṃ phusissatī’ti, ayamassa tatiyo assāso adhigato hoti.

“Si le mal échoit à celui qui le fait, je n'ai l'intention de faire aucun mal. Puisque je ne réalise aucune action mauvaise, comment est-ce que je pourrais être touché par le mal-être?” Voici quelle est la troisième assurance à laquelle il est parvenu.

“‘sace kho pana karoto na karīyati pāpaṃ, athāhaṃ ubhayeneva visuddhaṃ attānaṃ samanupassāmī’ti, ayamassa catuttho assāso adhigato hoti.

“Si le mal ne revient pas à celui qui le fait, alors je me vois moi-même purifié dans les deux cas.” Voici quelle est la quatrième assurance à laquelle il est parvenu.

“sa kho so, bhante, ariyasāvako evaṃ averacitto evaṃ abyāpajjhacitto evaṃ asaṃkiliṭṭhacitto evaṃ visuddhacitto. tassa diṭṭheva dhamme ime cattāro assāsā adhigatā honti.

Un tel noble disciple, Bhanté, qui a un esprit ainsi dénué d'hostilité, un esprit ainsi dénué de malveillance, un esprit ainsi sans souillure, un esprit ainsi purifié, est parvenu à ces quatre assurances dans ce monde visible.

“abhikkantaṃ, bhante, abhikkantaṃ, bhante! seyyathāpi, bhante, nikkujjitaṃ vā ukkujjeyya, paṭicchannaṃ vā vivareyya, mūḷhassa vā maggaṃ ācikkheyya, andhakāre vā telapajjotaṃ dhāreyya, cakkhumanto rūpāni dakkhantīti. evamevaṃ bhagavatā anekapariyāyena dhammo pakāsito. ete mayaṃ bhagavantaṃ saraṇaṃ gacchāma dhammañca bhikkhusaṅghañca. upāsake no, bhante, bhagavā dhāretu ajjatagge pāṇupete saraṇaṃ gate””ti.

C'est excellent, Bhanté, excellent! Tout comme on redresserait ce qui était renversé, ou bien on révélerait ce qui était caché, ou on montrerait le chemin à quelqu'un qui se serait perdu, ou on allumerait une lampe dans l'obscurité [en pensant:] “Ceux qui possèdent une bonne vue verront les formes”, de la même manière le Fortuné a expliqué le Dhamma de diverses façons. Bhanté, nous allons en refuge au Fortuné, ainsi qu'au Dhamma et à la Communauté des mendiants. Que le Fortuné nous retienne à l'esprit en tant que disciples laïcs étant allés en refuge à compter d'aujourd'hui et pour la vie.»





Bodhi leaf


Note


1. ce que vous avez entendu... ce qui semble possible: il y a une grande variabilité d'interprétation de ces différentes expressions d'un traducteur à l'autre. Bhikkhu Bodhi note: "Ces trois critères de vérité inadéquats peuvent être regroupés en trois catégories:


(1) La première est formée de propositions basées sur la tradition, et inclut les quatre premiers critères."

ce que vous avez entendu: anu·s·sava
signifie littéralement "ce qui s'écoule".

Traductions alternatives: 'ouï-dire' (Ñanamoli Thera), 'rumeurs' (Thanissaro B.). Bhikkhu Bodhi: "généralement compris comme faisant référence à la tradition védique, qui, selon les brahmanes, était apparue avec la Déité Première et avait été transmise oralement aux générations successives."

ce qui est répété dogmatiquement: param·parā
signifie littéralement "autre-autre" ou "ensuite-ensuite".

Traductions alternatives: 'tradition' (Ñ.Th), 'lignée d'enseignement' (B.B), 'légendes' (T.B). B.B: "signifie tradition en général, une chaîne sans rupture d'enseignements ou d'enseignants."

ce qui est communément admis: iti·kira
signifie littéralement "ainsi-dispersé".

Traductions alternatives: 'tradition légendaire' (Ñ.Th), 'ouï-dire' (B.B), 'traditions' (T.B), 'rumeur' (Soma Th). B.B: "peut signifier opinion populaire ou consensus général."

ce qui est transmis dans des textes: piṭaka·sampadāna
signifie littéralement "écriture-transmis".

Traductions alternatives: 'ce qui est venu dans des écritures' (Ñ.Th), 'une collection d'écritures' (B.B). B.B: "signifie une collection de textes religieux considérés comme infaillibles."


(2) "Le second groupe, qui comprend les quatre termes suivants, fait référence à quatre types de raisonnements reconnus par les penseurs à l'époque du Bouddha."

raisonnements: takka·hetu.
Takka est l'équivalent du sanskrit tarka signifiant 'doute' ou bien 'science de la logique', auxquels les dictionnaires de Pali ajoutent 'pensée' (voir vi·takka) et 'raisonnement'.
Hetu signifie 'cause, raison, condition'. Une traduction littérale pourraît être: 'ce qui est à cause du raisonnement (ie. atteint par ~)'.

Traductions alternatives: 'conjecture' (Ñ.Th), 'raisonnement logique' (B.B), 'conjecture logique' (T.B).

inférences: naya·hetu.
Naya signifie 'méthode, plan, manière, inférence, conclusion correcte, signification, comportement, conduite'.

Traductions alternatives: 'inférence logique' (Ñ.Th), 'raisonnement par inférence' (B.B), 'axiome' (S.Th).

réflexion profonde: ākāra·parivitakka.
Ākāra signifie (d'après le PTS Dic:) 'état, condition, qualité, propriété, attribut, signe, apparence, forme, manière, mode, raison' etc.
Parivitakka signifie 'réflection, considération'.

Traductions alternatives: 'en soupesant les preuves' (Ñ.Th), 'réflexions sur les raisons' (B.B), 'analogie' (T.B), 'raisonnement spécieux' (S.Th).


(3) "Le troisième groupe comprend les termes faisant référence à l'autorité personnelle."

ce qui semble possible: bhabba·rūpatā.
Bhabba signifie 'capable, possible'.
Rūpatā signifie 'apparence, conformité'.

Traductions alternatives: 'l'aptitude d'un autre' (Ñ.Th), 'la compétence apparente de celui qui parle' (B.B), 'probabilité' (T.B), 'l'aptitude apparente d'un autre' (S.Th). B.B: "charisme de celui qui parle, incluant peut-être également ses qualités extérieures, eg. le fait qu'il soit hautement éduqué, qu'il ait beaucoup de disciples, qu'il soit respecté par le roi etc."



Traduction proposée par Rémy.

———oOo———
Publié comme un don du Dhamma,
pour être distribué librement, à des fins non lucratives.
---

Le traducteur n'est pas un expert en Pali, et afin d'éviter toute erreur se réfère à des traductions déjà existantes; il espère néanmoins que les erreurs qui peuvent se glisser dans la traduction ne sont que minimes.


Creative Commons License
Ce travail est sous une License Internationale Creative Commons 4.0
avec Attribution, Usage non-commercial et Partage sous mêmes conditions
.