MN 59
Bahuvedanīya Sutta
— Beaucoup dont faire l'expérience —
[ bahu: divers, beaucoup | vedanīya: dont l'expérience doit être faite ]

Udāyi et Pañcakaṅga le charpentier sont en désaccord en ce qui concerne les types de ressentis enseignés par le Bouddha. Ce dernier explique comment une querelle peut apparaître à cause de deux manières différentes de dire la même chose. Il explique ensuite les divers types de bien-être accessibles aux êtres.




Pāḷi



Evaṃ me sutaṃ:

Français



Ainsi ai-je entendu:

Ekaṃ samayaṃ bhagavā sāvatthiyaṃ viharati jetavane anāthapiṇḍikassa ārāme. Atha kho pañcakaṅgo thapati yenāyasmā udāyī tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā āyasmantaṃ udāyiṃ abhivādetvā ekamantaṃ nisīdi. Ekamantaṃ nisinno kho pañcakaṅgo thapati āyasmantaṃ udāyiṃ etadavoca:

Un jour, le Fortuné séjournait près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anāthapiṇḍika. Ce jour-là, Pañcakaṅga le charpentier vint voir le vénérable Udāyi, lui rendit hommage, puis s'assit d'un côté. Alors qu'il était assis là, Pañcakaṅga le charpentier demanda au vénérable Udāyi:

Kati nu kho, bhante udāyi, vedanā vuttā bhagavatā’ ti?

Bhanté Udāyi, combien de [types de] ressentis ont été enseignés par le Fortuné?

Tisso kho, thapati, vedanā vuttā bhagavatā. Sukhā vedanā, dukkhā vedanā, adukkhamasukhā vedanā. Imā kho, thapati, tisso vedanā vuttā bhagavatā ti.

— Trois [types de] ressentis, charpentier, ont été enseignés par le Fortuné: les ressentis agréables, les ressentis désagréables et les ressentis neutres. Voici, charpentier, quels sont les trois [types de] ressentis qui ont été enseignés par le Fortuné.

Evaṃ vutte, pañcakaṅgo thapati āyasmantaṃ udāyiṃ etadavoca:

Lorsque cela fut dit, Pañcakaṅga le charpentier dit au vénérable Udāyi:

Na kho, bhante udāyi, tisso vedanā vuttā bhagavatā; dve vedanā vuttā bhagavatā: sukhā vedanā, dukkhā vedanā. Yāyaṃ, bhante adukkhamasukhā vedanā santasmiṃ esā paṇīte sukhe vuttā bhagavatā ti.

Bhanté Udayi, ce n'est pas de trois [types de] ressentis dont parle le Fortuné. Ce sont [seulement] de deux [types de] ressentis dont parle le Fortuné: les ressentis agréables et les ressentis désagréables. Le Fortuné dit que les ressentis neutres sont un type de bien-être paisible et sublime.

Dutiyampi kho āyasmā udāyī pañcakaṅgaṃ thapatiṃ etadavoca:

Alors pour la seconde fois, le vénérable Udayi dit à Pañcakaṅga le charpentier:

Na kho, gahapati, dve vedanā vuttā bhagavatā; tisso vedanā vuttā bhagavatā. Sukhā vedanā, dukkhā vedanā, adukkhamasukhā vedanā. Imā kho, thapati, tisso vedanā vuttā bhagavatā ti.

Bhanté Udayi, ce n'est pas de trois [types de] ressentis dont parle le Fortuné. Ce sont [seulement] de deux [types de] ressentis dont parle le Fortuné: les ressentis agréables et les ressentis désagréables. Le Fortuné dit que les ressentis neutres sont un type de bien-être paisible et sublime.

Dutiyampi kho pañcakaṅgo thapati āyasmantaṃ udāyiṃ etadavoca:

Alors pour la seconde fois, Pañcakaṅga le charpentier dit au vénérable Udayi:

Na kho, bhante udāyi, tisso vedanā vuttā bhagavatā; dve vedanā vuttā bhagavatā: sukhā vedanā, dukkhā vedanā. Yāyaṃ, bhante adukkhamasukhā vedanā santasmiṃ esā paṇīte sukhe vuttā bhagavatā ti.

Bhanté Udayi, ce n'est pas de trois [types de] ressentis dont parle le Fortuné. Ce sont [seulement] de deux [types de] ressentis dont parle le Fortuné: les ressentis agréables et les ressentis désagréables. Le Fortuné dit que les ressentis neutres sont un type de bien-être paisible et sublime.

Tatiyampi kho āyasmā udāyī pañcakaṅgaṃ thapatiṃ etadavoca:

Alors pour la seconde fois, le vénérable Udayi dit à Pañcakaṅga le charpentier:

Na kho, gahapati, dve vedanā vuttā bhagavatā; tisso vedanā vuttā bhagavatā. Sukhā vedanā, dukkhā vedanā, adukkhamasukhā vedanā. Imā kho, thapati, tisso vedanā vuttā bhagavatā ti.

Bhanté Udayi, ce n'est pas de trois [types de] ressentis dont parle le Fortuné. Ce sont [seulement] de deux [types de] ressentis dont parle le Fortuné: les ressentis agréables et les ressentis désagréables. Le Fortuné dit que les ressentis neutres sont un type de bien-être paisible et sublime.

Tatiyampi kho pañcakaṅgo thapati āyasmantaṃ udāyiṃ etadavoca:

Alors pour la troisième fois, Pañcakaṅga le charpentier dit au vénérable Udayi:

Na kho, bhante udāyi, tisso vedanā vuttā bhagavatā; dve vedanā vuttā bhagavatā: sukhā vedanā, dukkhā vedanā. Yāyaṃ, bhante adukkhamasukhā vedanā santasmiṃ esā paṇīte sukhe vuttā bhagavatā ti.

Bhanté Udayi, ce n'est pas de trois [types de] ressentis dont parle le Fortuné. Ce sont [seulement] de deux [types de] ressentis dont parle le Fortuné: les ressentis agréables et les ressentis désagréables. Le Fortuné dit que les ressentis neutres sont un type de bien-être paisible et sublime.

Neva kho sakkhi āyasmā udāyī pañcakaṅgaṃ thapatiṃ saññāpetuṃ na panāsakkhi pañcakaṅgo thapati āyasmantaṃ udāyiṃ saññāpetuṃ.

Pañcakaṅga le charpentier ne fut pas capable de convaincre le vénérable Udayi, et le vénérable Udayi ne fut pas capable de convaincre Pañcakaṅga le charpentier.

Assosi kho āyasmā ānando āyasmato udāyissa pañcakaṅgena thapatinā saddhiṃ imaṃ kathāsallāpaṃ. Atha kho āyasmā ānando yena bhagavā tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā bhagavantaṃ abhivādetvā ekamantaṃ nisīdi. Ekamantaṃ nisinno kho āyasmā ānando yāvatako ahosi āyasmato udāyissa pañcakaṅgena thapatinā saddhiṃ kathāsallāpo taṃ sabbaṃ bhagavato ārocesi. Evaṃ vutte, bhagavā āyasmantaṃ ānandaṃ etadavoca:

Āysmā Ānanda entendit cette conversation entre Pañcakaṅga le charpentier et le vénérable Udayi. Il vint voir le Fortuné, lui rendit hommage, puis s'assit d'un côté. Alors qu'il était assis là, il rapporta au Fortuné l'entière conversation qui avait eu lieu entre Pañcakaṅga le charpentier et le vénérable Udayi. Lorsque cela fut dit, le Fortuné dit au vénérable Ānanda:

Santaññeva kho, ānanda, pariyāyaṃ pañcakaṅgo thapati udāyissa nābbhanumodi, santaññeva ca pana pariyāyaṃ udāyī pañcakaṅgassa thapatissa nābbhanumodi. Dvepānanda, vedanā vuttā mayā pariyāyena, tissopi vedanā vuttā mayā pariyāyena, pañcapi vedanā vuttā mayā pariyāyena, chapi vedanā vuttā mayā pariyāyena, aṭṭhārasapi vedanā vuttā mayā pariyāyena, chattiṃsapi vedanā vuttā mayā pariyāyena, aṭṭhasatampi vedanā vuttā mayā pariyāyena. Evaṃ pariyāyadesito kho, ānanda, mayā dhammo.

— Ānanda, la manière de présenter [les choses] du vénérable Udayi, dont Pañcakaṅga le charpentier n'a pas approuvé, était correcte, en vérité. Mais également, la manière de présenter [les choses] de Pañcakaṅga le charpentier, dont le vénérable Udayi n'a pas approuvé, était correcte. Dans une manière de présenter les choses, j'ai parlé de deux [types de] ressentis, et dans d'autres manières de présenter les choses, j'ai parlé de trois, de six, de dix-huit, de trente-six, de cent huit [types de] ressentis.{1} Ainsi, Ānanda, j'ai enseigné le Dhamma en le présentant de différentes manières.

Evaṃ pariyāyadesite kho, ānanda, mayā dhamme ye aññamaññassa subhāsitaṃ sulapitaṃ na samanujānissanti na samanumaññissanti na samanumodissanti tesametaṃ pāṭikaṅkhaṃ – bhaṇḍanajātā kalahajātā vivādāpannā aññamaññaṃ mukhasattīhi vitudantā viharissanti.

Lorsque j'enseigne ainsi le Dhamma de différentes manières, Ānanda, s'il y en a qui n'admettent pas, qui ne consentent pas à ce qui a été dit correctement et affirmé correctement par les autres et ne l'acceptent pas, on peut attendre d'eux qu'ils fomentent des querelles, des désaccords et des disputes, se blessant les uns les autres avec des dagues verbales.

Evaṃ pariyāyadesito kho, ānanda, mayā dhammo. Evaṃ pariyāyadesite kho, ānanda, mayā dhamme ye aññamaññassa subhāsitaṃ sulapitaṃ samanujānissanti samanumaññissanti samanumodissanti tesametaṃ pāṭikaṅkhaṃ – samaggā sammodamānā avivadamānā khīrodakībhūtā aññamaññaṃ piyacakkhūhi sampassantā viharissanti.

Lorsque j'enseigne ainsi le Dhamma de différentes manières, Ānanda, s'il y en a qui admettent, qui consentent à ce qui a été dit correctement et affirmé correctement par les autres et l'acceptent, on peut attendre d'eux qu'ils vivent dans la concorde et l'amitié, sans se disputer, comme le lait [se mélange facilement à] l'eau, se regardant les uns les autres avec des yeux amicaux.

Pañca kho ime, ānanda, kāmaguṇā. Katame pañca? Cakkhu-viññeyyā rūpā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Sota-viññeyyā saddā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Ghāna-viññeyyā gandhā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Jivhā-viññeyyā rasā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Kāya-viññeyyā phoṭṭhabbā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Ime kho, ānanda, pañca kāmaguṇā. Yaṃ kho, ānanda, ime pañca kāmaguṇe paṭicca uppajjati sukhaṃ somanassaṃ idaṃ vuccati kāma-sukhaṃ.

Il y a, Ānanda, ces cinq agréments de la sensualité. Quels sont ces cinq? Les formes connaissables par l'œil qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, entretenant la sensualité, royales; les sons connaissables par l'oreille qui sont souhaitables, attrayants, plaisants, agréables, entretenant la sensualité, royaux; les odeurs connaissables par le nez qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, entretenant la sensualité, royales; les saveurs connaissables par la langue qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, entretenant la sensualité, royales; les sensations corporelles connaissables par le corps qui sont souhaitables, attrayantes, plaisantes, agréables, entretenant la sensualité, royaux. Voici, Ānanda, quels sont les cinq agréments de la sensualité. Le bien-être et le plaisir mental, Ānanda, qui apparaissent sur la base de ces cinq agréments de la sensualité, sont appelés plaisirs de la sensualité.

Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, séparé des plaisirs de la sensualité, séparé des états mentaux désavantageux, ayant pénétré dans le premier jhana, y demeure, avec pensées actives et passives, exaltation et bien-être engendrés par la séparation.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, avec l'apaisement des pensées actives et passives, entre et demeure dans le deuxième jhāna, avec tranquillisation intérieure et unification de l'esprit, sans pensées actives ni passives, avec exaltation et bien-être engendrés par la concentrationation et bien-être engendrés par la concentration.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, avec la disparition de l'exaltation, demeure équanime, présent d'esprit et doué d'un discernement attentif, il entre et demeure dans le troisième jhāna et ressent dans le corps le bien-être que les êtres nobles décrivent: ‘équanime et présent d'esprit, il séjourne dans le bien-être’.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, abandonnant le bien-être et abandonnant le mal-être, la plaisance et la déplaisance mentales ayant auparavant disparu, entre et demeure dans le quatrième jhāna, qui est sans mal-être ni bien-être, purifié par la présence d'esprit due à l'équanimité.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sabbaso rūpa-saññānaṃ samatikkamā, paṭigha-saññānaṃ atthaṅgamā, nānatta-saññānaṃ a-manasikārā, ‘ananto ākāso’ti ākās'ānañc'āyatanaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, ayant complètement transcendé la perception de la matérialité, la perception de la répulsion s'étant apaisée, ne prêtant pas attention à la perception de la diversité, [percevant:] 'l'espace [est] infini', ayant pénétré la sphère de l'infinité de l'espace, il y demeure.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sabbaso ākās'ānañc'āyatanaṃ samatikkamā, 'anantaṃ viññāṇa'nti viññāṇañc'āyatanaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, ayant complètement transcendé la sphère de l'infinité de l'espace, [percevant:] 'la Conscience [est] infinie' ayant pénétré la sphère de l'infinité de la Conscience, y demeure.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sabbaso viññāṇañc'āyatanaṃ samatikkamā, 'natthi kiñcī'ti ākiñcaññ'āyatanaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, ayant complètement transcendé la sphère de l'infinité de la Conscience, [percevant:] 'il n'y a rien', ayant pénétré la sphère du rien, y demeure.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sabbaso ākiñcaññ'āyatanaṃ samatikkamā neva-saññā-n'āsaññ'āyatanaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, ayant complètement transcendé la sphère du rien, ayant pénétré la sphère de ni Perception ni non-Perception, y demeure.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca. Yo kho, ānanda, evaṃ vadeyya: ‘eta-paramaṃ sattā sukhaṃ somanassaṃ paṭisaṃvedentī’ ti, idamassa n'ānujānāmi. Taṃ kissa hetu? Atth'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca. Katam'añc'ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkanta-tara'ñca paṇīta-tara'ñca? Idh'ānanda, bhikkhu sabbaso neva-saññā-n'āsaññ'āyatanaṃ samatikkamā saññā-vedayita-nirodhaṃ upasampajja viharati.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Si quelqu'un, Ānanda, disait: 'Voici le plus grand bien-être et le plus grand plaisir mental que les êtres puissent ressentir', je n'approuverais pas. Pour quelle raison? Parce qu'il y a un autre type de bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là. Et quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là? À cet égard, Ānanda, un mendiant, ayant complètement transcendé la sphère de ni Perception ni non-Perception ayant pénétré la cessation de la Perception et du Ressenti, y demeure.

Idaṃ kho, ānanda, etamhā sukhā aññaṃ sukhaṃ abhikkantatarañca paṇītatarañca.

Voici, Ānanda, quel est le bien-être qui est plus agréable et plus élevé que ce bien-être-là.

Ṭhānaṃ kho panetaṃ, ānanda, vijjati yaṃ aññatitthiyā paribbājakā evaṃ vadeyyuṃ: ‘saññāvedayitanirodhaṃ samaṇo gotamo āha; tañca sukhasmiṃ paññapeti. Tayidaṃ kiṃsu, tayidaṃ kathaṃsū’ti? Evaṃvādino, ānanda, aññatitthiyā paribbājakā evamassu vacanīyā: ‘na kho, āvuso, bhagavā sukhaṃyeva vedanaṃ sandhāya sukhasmiṃ paññapeti; api ca, āvuso, yattha yattha sukhaṃ upalabbhati yahiṃ yahiṃ taṃ taṃ tathāgato sukhasmiṃ paññapetī’ ti.

Il se peut, Ānanda, que des renonçants hétérodoxes disent: 'Samana Gotama parle de la cessation de la Perception et du Ressenti, et la décrit comme un bien-être. Quel est ce [bien-être], et de quelle manière est-ce [un bien-être]?' Lorsque des renonçants hétérodoxes disent cela, il faudrait leur répondre: 'Le Fortuné, amis, ne parle pas du bien-être en faisant uniquement référence aux ressentis de bien-être; le Tathagata, amis, décrit comme un bien-être toute sorte de bien-être, quel que soit l'endroit ou la manière dont on le trouve.'

Idamavoca bhagavā. Attamano āyasmā ānando bhagavato bhāsitaṃ abhinandīti.

Ainsi parla le Bhagavā. Āyasmā Ānanda fut satisfait et se réjouit de la parole du Bhagavā.



Bodhi leaf



Note


1. j'ai parlé de trois... cent huit ressentis: voir en effet SN 36.22.




Traduction proposée par Rémy,
d'après un travail sur un sutta similaire effectué à partir du Pali par Nyanaponika Thera
et Middle length discourses of the Buddha de Bhikkhu Ñāṇamoli et Bhikkhu Bodhi.

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